D’ici peu en Allemagne, l’islam pourrait être enseigné dans toutes les écoles de tous types et de tous niveaux. Pour l’instant, c’est encore une matière facultative dans sept des seize Länder.
Or il est question de le rendre matière obligatoire, au moins pour les étudiants musulmans, qui sont 750 000 en tout. C’est ce qu’a demandé publiquement le chef des protestants allemands, celui qu’on appelle l’«évêque» Heinrich Bedford-Strohm, dans une interview donnée en mai dernier au journal Heilbronner Stimme, considérant que l’on pourrait ainsi « empêcher la radicalisation » des jeunes.
Les enseignants devraient donc donner des cours sur l’islam, en en proposant cependant une approche critique, c’est-à-dire en insinuant des doutes ; ce qui paraît franchement improbable. Et quoi qu’il en soit, ce credo islamique, comme tous les autres, devrait, pour être accepté, se révéler également compatible avec les lois de l’État, en ce qu’il respecte « la tolérance, la liberté religieuse et la liberté de conscience ».
Sur cette proposition l’Eglise catholique a déjà elle aussi exprimé un avis favorable, tandis que la CDU (Parti des Chrétiens Démocrates- 254 députés sur 630) a formellement demandé que l’éventuel enseignement de l’islam respecte les standards de l’Education Publique de l’État et soit confié à des enseignants formés dans les universités allemandes.
Ces exigences de la CDU semblent franchement déconnectées de la réalité ; à moins qu’elles ne soient que des préoccupations de façade, dans le seul but de sauver les apparences vis-à-vis de ses électeurs. En effet, elles ne tiennent aucunement compte du fait, ô combien connu, que l’islam se réfère en tout et pour tout à la charia et non aux codes de la jurisprudence allemande et qu’il est par conséquent inutile de demander d’appliquer des registres d’interprétation occidentaux.
Toutefois, le gouvernement allemand a depuis longtemps établi des contacts avec l’Union islamique turque, dont le sigle est DITIB. Ce qui a déclenché la réaction de la députée de la CDU Julia Klöckner, qui ne considère pas opportun de poursuivre les négociations, du moins tant que le DITIB ne se distancie pas publiquement des atteintes à la liberté d’opinion et de presse perpétrées par l’exécutif dirigé par Erdogan.
La parlementaire allemande déplore en outre l’absence d’un interlocuteur institutionnel et unique pour l’islam en Allemagne, dans la mesure où il ne subsiste que différents groupes, dont « on ne sait pas exactement qui il y a derrière ». Somme toute, selon elle, la recherche d’un « plus petit commun dénominateur», ne pourrait se faire « aux dépens de nos Valeurs ». Même discours pour la construction d’une nouvelle mosquée à Bad Kreuznach: Mme Klöckner semble en faire plus un problème de coût et de financement que quoi que ce soit d’autre.
Toutes ces objections portent donc plus sur la forme que sur la substance, et ne sont pas de nature à empoigner le cœur même du problème, qui est avant tout culturel et confessionnel.
Ces critiques émises ne tiennent pas compte d’un fait fondamental : que l’islam ne fait pas partie de l’histoire, ni des fondements dans lesquels sont ancrés et les idéaux et l’identité de la société occidentale.
Voire même : cette société occidentale, l’islam a tenté de la détruire à plusieurs reprises au cours des siècles ; et encore de nos jours il est en train de l’éliminer scientifiquement dans plusieurs points de la planète. Ce n’est pas un hasard. Et ne pas se rendre compte de cet état de fait, ou ne pas vouloir en tenir compte, en lui préférant des prétextes formels et creux, cela signifie avoir déjà perdu la bataille éducative et culturelle avant même de s’être battu. (Mauro Faverzani)