Europe : immigration et chômage

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immigrationLa possibilité d’un lien de cause à effet entre l’immigration de masse et le chômage a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup de chiffres ont été produits dans un sens comme dans l’autre sans vraiment convaincre personne car les chiffres sont faciles à trier et à manipuler. Trois thèses ont toujours prévalu : le chômage et l’immigration sont sans rapport, l’immigration stimule l’emploi donc a tendance à réduire le chômage et l’immigration provoque immanquablement une montée du chômage. C’est cette troisième thèse que je vais très brièvement aborder.

Lorsque la population d’un pays augmente, les besoins en biens de consommation et de services augmentent également. Les nouveaux arrivants ont besoin de se nourrir et de se vêtir ; il leur faut des logements, des médicaments, des moyens de transport, du chauffage, etc. Bref, l’augmentation de la population pousse le niveau de consommation vers le haut et tous les secteurs de la grande consommation en profitent.

Si une population augmente ses effectifs de 10%, il faudra une augmentation correspondante de la production de biens de consommation et de services. Cela signifie-t-il aussi une augmentation de l’emploi dans la même proportion ? Non. La production de plus de biens et de services va certes demander plus de personnel, mais l’augmentation de l’emploi ne sera certainement pas de la même ampleur que celle de la population.

Pour bien le comprendre, il suffit d’observer le même phénomène à une échelle plus petite. Mettons un village dont la population augmenterait de 10% en peu de temps. L’unique boulanger de ce village devra produire davantage et servir plus de clients. Cependant sa femme et lui sont à même de faire face à cette demande accrue. Ils se lèveront plus tôt et au lieu d’avoir deux à quatre clients en même temps dans leur boulangerie, ils en auront quatre à six, ce qui est loin d’être ingérable. Ainsi, ce serait une réaction irréfléchie de leur part d’engager du personnel pour faire face à un changement auquel ils sont capables de s’adapter sans problème.

Il en va de même pour tous les autres secteurs qui chercheront à faire face à la nouvelle demande sans augmenter leur personnel de façon à accroître leur marge bénéficiaire. Ce n’est que lorsque qu’ils n’arriveront plus à gérer l’augmentation de la demande et qu’ils risquent de perdre le marché qu’ils penseront à engager du personnel. Autrement dit, la pression démographique due à l’immigration ne crée pas une augmentation proportionnée de l’emploi.

Les économistes qui prétendent qu’il n’y a pas de lien entre immigration et chômage, affirment que l’augmentation de la demande pour les biens et les services entraîne fatalement une augmentation équivalente de l’emploi créée par la nécessité de produire davantage : « La première erreur dans cette fallacieuse idée réside dans le fait de considérer les immigrés uniquement comme des personnes pourvoyeuses d’emploi , or c’est aussi un agent économique qui consomme, et comme on nous l’apprend dans les livres d’économie élémentaire : consommation entraîne production entraîne… emploi ! » (Cyprien Bernard sur Jean-Marc Sylvestre, 30 avril 2014).

Ou encore : « Dans cette vision, l’économie ne disposerait que d’un stock donné d’emplois, pour lequel les travailleurs devraient se battre. Mais c’est oublier un peu vite que, par une augmentation de la demande globale, de nouveaux emplois peuvent être créés. Et les nouveaux arrivants vont précisément stimuler la demande globale ! En effet, ceux-ci sont certes des travailleurs qui vont occuper un emploi, mais ils sont simultanément des consommateurs qui, par leurs dépenses, vont engendrer la création de nouveaux emplois. Du point de vue du bouclage macroéconomique, les immigrés vont donc en quelque sorte créer eux-mêmes les nouveaux emplois qu’ils vont occuper » (Sébastien Villemot, 10 novembre 2015).

Ces économistes ne tiennent aucun compte des proportions. Ils pensent sans doute que lorsqu’un boulanger vend 10 pains de plus par jour, il va nécessairement engager 10 vendeuses supplémentaires. Si en plus l’immigration ne répond pas aux besoins spécifiques de l’économie, mais se fait de façon massive et non différentiée, comme c’est le cas actuellement en Europe où on laisse rentrer des milliers de personnes non qualifiées et qui n’ont que leur bras pour travailler, cette catégorie de personnes va entrer en concurrence directe avec les emplois les moins qualifiés de la population locale.

Soit la nouvelle population restera sans travail, soit elle prendra les emplois de la population locale car elle est moins chère. Dans les deux cas, il y a augmentation du chômage. Ce phénomène a été mis en lumière à de nombreuses reprises. Le Migration Advisory Committee produit régulièrement en Grande-Bretagne des études allant dans ce sens (Atlantico, 11 janvier 2012).

Plus récemment, l’Agence pour l’emploi allemande a tiré la sonnette d’alarme quand la Chancelière Merkel a promis d’accueillir 800 000 migrants en 2015 et autant en 2016. Les perspectives sur l’emploi se sont subitement assombries.

Le lien entre immigration et chômage est donc évident. Il est symptomatique que dans un système démocratique où la politique est constamment soumise aux puissances d’argent, ces dernières profitent de l’arrivée d’une main d’œuvre bon marché pour accroître leurs bénéfices. Si ces puissances d’argent sont dans la grande distribution de biens de consommation, elles en profitent également par l’augmentation du nombre de consommateurs.

La politique ne fait que jouer dans leur jeu. L’immigration de masse ne peut donc en aucun cas augmenter la richesse d’un pays qui connaît déjà un taux de chômage important. Les nouveaux arrivants ne feront qu’augmenter la population dépendante de l’Etat par les coûts liés à l’assistance, à la sécurité et au chômage, le tout au détriment de la population locale et pour le plus grand profit de quelques secteurs de l’économie.

Le lien qui existe entre pression démographique et chômage est une constante de l’histoire occidentale. Chaque fois que la population a été en excédant par rapport aux capacités d’absorption de l’économie, cet excédant devait émigrer. Cela s’est produit au Moyen Age à l’époque des croisades et lors de la poussée vers l’est des Allemands. Ensuite, ce sont les colonies qui ont recueilli le trop-plein de la croissance démographique européenne.

Quand les colonies ont été perdues, le problème du chômage s’est faire sentir avec acuité en Europe occidentale. Dire, comme le faisait François Mitterrand, qu’on a tout essayé contre le chômage est faux. La raison en est que le chômage est utile aux puissances d’argent car il permet de conserver le coût de la main d’œuvre assez bas. Encore une fois, les politiciens ne font que relayer les exigences des puissances d’argent.

Ceci dit, l’immigration n’est pas la seule cause du chômage. Un pays qui connaîtrait une pression démographique négative, par exemple due à l’émigration ou à un fort taux de mortalité, pourrait aussi faire l’expérience du chômage à cause de la récession de son économie. Il faut tenir compte d’autres facteurs, les principaux étant la rigidité de l’économie due à une réglementation excessive et le coût du travail dû à une fiscalité trop lourde. Ces deux facteurs ajoutés à l’immigration de masse sont bien de la responsabilité de l’Etat qui est loin d’avoir « tout essayé » contre le chômage. (Christophe Buffin de Chosal)

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