Les élections européennes du 25 mai 2014 ont confirmé la crise de régime que nous avions constaté à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois.
Avec une participation très faible, quoiqu’en légère augmentation (42,5 % contre 40,5 % en 2009), les listes du Front National sont arrivés en tête avec 24,9 % des suffrages exprimés, obtenant 24 sièges. Le PS a subi une déroute historique, ne recueillant que 13,9 %, le plus faible résultat obtenu par ce parti depuis 1969. Jamais un gouvernement ne s’est appuyé sur une assise électorale aussi faible.
L’UMP, miné par un scandale de corruption concernant le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, et par des affrontements internes, ne profite pas de la déroute du PS, ne recueillant que 20,7 %, soit 7 points de moins qu’en 2009. De leur côté, les centristes ont frisé la barre des 10 %, ce qui correspond à leur poids électoral habituel; les Verts, quant à eux, n’ont obtenu que 8,9 % (contre 16,3 % en 2009), payant au prix cher l’immaturité de leur comportement politique et la surenchère idéologique à laquelle ils se livrent constamment.
Le Front de Gauche a rassemblé un peu plus de 6 %. Parmi les autres listes, Debout la France, liste souverainiste parrainée par Nicolas Dupont-Aignan a rassemblé 3,8 %, soit sensiblement moins que les listes que parrainait Philippe de Villiers en 2009 ; Nouvelle Donne, liste indépendante de gauche, a recueilli un peu plus de 3 %. En revanche, les listes Force Vie parrainées par Christine Boutin n’ont pas convaincu l’électorat: 0,8 %. Les défenseurs de la famille ont visiblement préféré au vote Boutin le vote FN, plus radical dans son opposition.
Le succès des listes FN est historique : non seulement les listes FN dépassent pour la première fois la barre des 20 % mais, pour la première fois, elles arrivent largement en tête. Soixante-onze départements ont placé le FN en tête, contre deux le PS (la Corrèze et la Haute-Vienne), un le centre (la Mayenne) et une vingtaine l’UMP. La progression a été générale. Elle a été particulièrement spectaculaire dans l’Ouest de la France, jusque là en retrait : en Vendée, le FN est passé de 2,5 à 22 %, bénéficiant de l’absence de Philippe de Villiers.
Seul Paris, symboliquement, s’est tenu à l’écart, n’accordant au FN que 9,3%, illustrant le divorce entre Paris et les provinces, entre le pays légal et le pays réel. Ce succès apparaît, en effet, comme l’expression d’un double rejet: D’une part, les électeurs ont rejeté le projet d’intégration européenne supranationale dont les promesses n’ont pas été tenues.
Ainsi, la monnaie unique qui devait, selon ses promoteurs, apporter la prospérité à la France semble être un boulet qui, du fait de son cours excessivement élevé, désavantage la France, et nombre de pays européens, dans leurs échanges commerciaux avec les Etats-Unis. D’autre part, les électeurs ont exprimé leur colère à l’égard de la classe politique et médiatique. Le mécontentement est à cet égard général, n’épargnant personne, ou presque. Il est reproché au monde médiatique d’exercer une censure idéologique de plus en plus étouffante.
Il est reproché aux hommes politiques d’avoir renoncé à s’occuper du gouvernement pour ne plus faire que de la communication, d’accabler la population de contraintes fiscales et idéologiques sans être capable d’imaginer les réponses qui permettront de répondre efficacement aux besoins concrets des Français. Le vote du 25 mai illustre ce sentiment général : celui de l’usure d’une classe politique et médiatique repliée sur elle-même, coupée de la vie réelle “des vrais gens”, et la nécessité d’un renouvellement complet, ou presque, du personnel politique (P.P.B.)