France: flambée de mécontentement lors des élections

Marine le Pen
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Marine le PenLes élections cantonales des 20 et 27 mars 2011 organisées pour renouveler la moitié des conseillers généraux auraient dû être des élections locales sans grande portée politique. Elles l’ont d’ailleurs été dans de nombreux cantons ruraux où les conseillers sortants, « divers droite » ou « divers gauche » ont été réélus facilement, souvent au 1er tour, grâce à leur action quotidienne auprès de la population.

Cependant, pour nombre d’électeurs, notamment dans les cantons urbains et périurbains, elles ont été l’occasion d’exprimer un fort mécontentement à l’égard du gouvernement en particulier et de la classe politique en général. Ce mécontentement s’est traduit d’une part par une forte progression de l’abstention qui a atteint au 1er tour le chiffre de 55,5 % (alors qu’elle oscille habituellement entre 35 et 40% dans ce type d’élections).

Il s’est traduit d’autre part par un retour en force du Front National, déjà visible lors des élections régionales de l’année dernière. Le F.N. a recueilli environ 15% des voix, en étant présent dans trois cantons sur quatre. Dans les cantons où il était représenté, le F.N. a recueilli en moyenne 19%. Malgré la forte abstention, il a réussi à se maintenir au 2ème tour dans quatre cents cantons, tantôt face à la gauche, tantôt face à l’UMP. Deux d’entre eux ont été élus au 2ème tour, l’un dans le Vaucluse, l’autre dans le Var.

Le F.N. a indéniablement bénéficié du sens politique et du sens de la répartie de son nouveau président, Marine Le Pen. Le désarroi des Français face aux effets néfastes de la mondialisation ; l’inquiétude qu’ils éprouvent face à l’emprise croissante de l’Islam dans la société, la colère qu’ils ressentent devant l’aggravation de l’insécurité sont autant de réalités qui ont contribué à renforcer le F.N.

Le front républicain constitué par la gauche et le centre pour faire barrage au F.N. s’est fissuré. D’une part, une partie de la majorité a refusé d’y participer, d’autre part les candidats du FN ont le plus souvent fortement progressé d’un tour à l’autre, retrouvant la dynamique qui était la leur dans les années 1990.

Pour autant, si un tel résultat place Marine Le Pen en situation d’obtenir lors de l’élection présidentielle un résultat peu ou prou comparable à celui obtenu par son père en 2002, il reste, pour l’instant, quoiqu’en disent certains sondages, insuffisant pour lui permettre d’accéder au 2ème tour. D’ailleurs le FN reste un parti convalescent comme le montre les difficultés qu’il a rencontrées pour présenter des candidats sérieux dans tous les cantons.

Bien que vaincue, la majorité a réussi, en effet, à limiter les dégâts. Avec un peu moins de 32% des voix, les candidats UMP et divers droite maintiennent à peu de choses près les positions électorales de la majorité. Celle-ci ne perd en tout qu’une trentaine de sièges ; elle abandonne à la gauche le Jura et les Pyrénées-Atlantiques mais lui prend le Val d’Oise. Rejeté par plus des deux-tiers du pays, Nicolas Sarkozy conserve, pour l’heure, le soutien du noyau dur des électeurs de centre-droit.

C’est dire qu’à un an des élections présidentielles, la compétition reste très ouverte : d’ailleurs, les plus avisés relèvent que, depuis 1974, celui qui était à un an du vote le favori des sondages a toujours perdu l’élection. (P. P.)

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