Le 19 janvier 2011, le quotidien français “Figaro” publie en première page un article dans lequel on affirme qu’avec 830 000 naissances en 2010, la fécondité est à un niveau record (plus de 2,01 enfants par femme), du jamais vu depuis 35 ans ; que la France compte 65 millions d’habitants, plus que la Grande-Bretagne ; que les mères d’origine étrangère ne contribuent que faiblement à ce chiffre, soit 0,02 % ou encore 16 000 naissances.
Nous voilà rassurés et la France se porte bien sur le plan démographique… A ceci près que : sans les DOM-TOM, la France métropolitaine ne compte que 63 millions d’habitants, autant, mais pas plus que la Grande-Bretagne ; faute de recensement (supprimé en 2002 par Lionel Jospin et Jacques Chirac), la population française n’est connue que de façon approximative, sous-estimée d’environ 2 à 3 millions de personnes, si bien que le chiffre de la fécondité est, lui-même à son tour, une approximation surestimée de l’ordre de 5 % ; le chiffre de 16 000 naissances d’origine étrangère calculé par l’INSEE est à rapprocher du chiffre, plus significatif, de 150 000 naissances métropolitaines en 2010 issue de la population des ménages immigrés en métropole originaires du Maghreb, d’Afrique noire ou de Turquie, observée au recensement exhaustif de 1999, soit de l’ordre de près d’une naissance sur cinq mises au monde en France métropolitaine.
Sinon, comment expliquer que, selon Michèle Tribalat, directeur de recherches à l’INED, en 2005, 36 % des jeunes de moins de 20 ans en Ile-de-France sont d’origine étrangère, 18,1 % pour la France métropolitaine ? Sont-ils tombés du ciel ou nés dans des choux ? (Yves-Marie Laulan, “Présent”, 27 janvier 2011).