France : le résultat des dernières élections

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électionsLe 22 mars 2015, les élections départementales organisées en France ont illustré à nouveau la méfiance des Français à l’égard de la classe politique en général et du gouvernement en particulier.

Un électeur sur deux n’a pas participé à cette élection. Quoi qu’aient pu dire à ce propos certains journalistes et commentateurs, il s’agit d’une abstention très forte, l’une des plus fortes jamais enregistrée pour un scrutin cantonal. Entre 1992 et 2008, les élections cantonales mobilisaient environ 65 % des électeurs en moyenne. En 2011, elles n’en avaient mobilisé que 45%. Cette fois-ci, le taux de participation a été de 50,2 %. Il est vrai que les compétences des assemblées départementales ne sont toujours pas définies par le législateur, que les cantons ont été arbitrairement redécoupés, ce qui a fait disparaître tous les petits cantons ruraux au sein de circonscriptions beaucoup plus vastes, que le législateur a imposé dans chaque canton l’élection d’un binôme composé obligatoirement d’un homme et d’une femme. Tous ces changements étaient de nature à dérouter les électeurs. Ils n’ont pas contribué à les faire voter.

Le résultat du premier tour est en demie-teinte. La droite modérée (UMP-UDI) a remporté une victoire qui est loin d’être un triomphe, réunissant 28,8% des voix, auxquels il est permis d’ajouter les 6,8 % des candidats “divers droite”. La majorité a subi une défaite sévère qui n’est pas déroute. Elle a obtenu 21,8% des voix, auquel il est permis d’ajouter les 7,1 % des candidatures “divers gauche”. Le Mouvement Bleu Marine a consolidé les positions extrêmement fortes qu’il avait acquise lors des élections européennes, sans pour autant aller au-delà des 25 % obtenus l’an passé. Il capitalise un mécontentement extrêmement fort mais peine encore à convaincre de sa capacité à assumer des responsabilités de gouvernement. L’opposition de gauche n’a pas progressé : 6 % pour le Front de gauche et pour les communistes; 2 % pour les écologistes, il est vrai présent dans un quart des cantons à peine.

Visiblement, la campagne anti-FN très agressive menée par Manuel Valls a porté quelques fruits, permettant au PS et à ses alliés de remobiliser en partie son électorat. La dénonciation du Front National semble être devenue l’ultime argument électoral d’un gouvernement profondément impopulaire, à bout de ressources.

Le 29 mars, le second tour a confirmé les orientations du premier tour. Taux d’abstention identique, complété par une proportion élevée de bulletins blancs et nuls. Mécaniquement, l’U.M.P., l’U.D.I. et les “divers droite” ont conquis un grand nombre de sièges et une trentaine de départements, parmi lesquels plusieurs bastions de la gauche, notamment les Côtes d’Armor, dirigés par le P.S. depuis 1976, les Bouches-du-Rhône, ou encore l’Allier, l’un des deux derniers départements dirigés par le Part Communiste. La gauche a perdu tout ce qu’elle avait conquis, élection après élection, depuis 1998, et parfois un peu plus encore. Si le F.N. n’est pas parvenu à conquérir le Vaucluse, il l’a emporté dans trente et un cantons de l’ancienne Narbonnaise, de la Picardie et du bassin minier d’Hénin-Beaumont. Au second tour, ses candidats ont le plus souvent amélioré sensiblement leurs positions entre les deux tours, dépassant le plus souvent les 30 % et parfois même les 40 ou les 45%.

D’ores et déjà, confirmant une tendance visible depuis 2012, la vie politique française a cessé d’être bipolaire pour devenir tripolaire. Il n’en demeure pas moins que le premier parti de France est composé de ceux qui n’ont pas voté. Les Français ne trouvent pas, aujourd’hui, de solution à leurs yeux satisfaisante dans l’offre partisane qui leur est faite. Ils aspirent visiblement à un grand changement politique dont les modalités, les acteurs et le programme ne sont pas encore définis. (P.P.B)

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