(Mauro Faverzani) La X° édition de la Marche pour la Vie, qui a eu lieu à Rome le 22 mai, a peut-être été celle qui a rencontré le plus grand succès, non seulement suite à une participation nombreuse et inattendue mais surtout pour la force du message qui a, encore une fois, été transmis.
Au matin du samedi 22 mai, la vue d’ensemble de l’avenue des Forum impériaux, remplie d’enfants, de familles, de groupes et d’associations, avec sur le fond le Colisée, était extraordinaire. Bien que les organisateurs aient dû remplacer la traditionnelle marche par une manifestation statique, dans le respect des mesures ministérielles, plus de 5.000 personnes, selon le Corriere della Sera, qui citait des données fournies par la Préfecture de Police, se trouvaient dans la rue. Nombreux étaient celles qui provenaient de l’extrême nord du pays et même de Sicile pour manifester avec force et détermination leur amour pour la Vie.
Etaient également présents les plus grands moyens de communication qui se sont faits largement écho de l’événement, avec plus d’une centaine de mentions. Ceci a confirmé combien la manifestation de Rome constitue le plus grand rendez-vous en faveur de la vie au niveau italien et européen.
Le rendez-vous avait été précédé, la veille au soir, comme à l’accoutumée, par une Adoration eucharistique caractérisée par une forte participation tenue en la Paroisse Saint Jean des Florentins. La cérémonie, qui a débuté par la récitation du chapelet menée par Mgr Marco Agostini et présidée par S.Em. le Cardinal Raymond Leo Burke, s’est déroulée en présence de S.Em. le Cardinal George Pell, du Curé de la Paroisse, le Père Roberto Paoloni et de nombreux ecclésiastiques dont des membres de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre et de la Fraternité Saint Pierre, avec l’accompagnement de la chorale de Mgr Pablo Colino, ancien Directeur de la Chapelle julienne du Vatican. Parmi les fidèles se trouvaient les deux Ambassadeurs près le Saint-Siège de Pologne et de Hongrie, Janusz Kotanski et Edouard Habsbourg.
Au cours de la méditation, le Cardinal Burke a demandé de prier « afin que soient rétablis le respect, la défense et le soin de toute vie humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu et sauvée par l’effusion du Très Précieux Sang du Fils de Dieu incarné », poursuivant : « Allons avec le cœur uni à Celui du Seigneur, sous Son étendard et pas derrière les slogans du monde. Oui, la bataille est dure. Oui nous nous sentons comme David en face de Goliath mais le Christ est ici, surtout dans le Très Saint Sacrement, afin de nous confirmer dans notre coopération avec Lui à l’œuvre du salut, pour purifier nos cœurs de la peur, du doute, de la confusion, de l’erreur et du péché ».
Le lendemain, étaient présents dans la rue les Présidents des plus importantes associations pour la Vie italiennes et étrangères, dont Maria Madise de Voice of the Family et John Smeaton, Président de la Spuc-Society for the Protection of the Unborn Children. Cette année encore, Gianna Emanuela Molla, fille de Sainte Gianna Beretta Molla, depuis toujours liée à la Marche pour la Vie de Rome, a tenu à être présente au rendez-vous. En sa compagnie se trouvaient également S.Em. le Cardinal Raymond Leo Burke, des prêtres et des religieuses du Verbe Incarné, le magistrat Giacomo Rocchi, Conseiller près la Cour de Cassation italienne, la journaliste Costanza Miriano, Aude Dugast, Postulatrice de la Cause de béatification du Pr. Jérôme Lejeune mais aussi Jacopo Coghe, Vice-président de Pro Vita e Famiglia, Matteo Fraioli de CitizenGo, Marisa Orecchia, Vice-présidente du Comité (italien) Verità e Vita, Julio Loredo, Président de l’Association italienne Tradizione, Famiglia, Proprietà (TFP), la Délégation de la Communion traditionnelle de Toscane conduite par Pucci Cipriani et Ascanio Ruschi, Samuele Maniscalo, Directeur de Voglio Vivere, Francesco Bortolato, Président du Mouvement pour la Vie de Venise, Daniela Durastanti, Président du Mouvement pour la Vie de Todi, Martha Zöggeler, Coordinatrice du Bewegung für das Leben Südtirol, Piero Uroda, Président des Pharmaciens catholiques, Raffaella Frullone, porte-parole des Sentinelles debout, Giusy D’Amico, Président de l’Association Non si tocchi la Famiglia (Pas touche à la famille NDT), Andrea Mazzi, représentant de l’Association Jean XXIII, Federico Catani, Directeur de SOS Ragazzi, Valeria D’Antonio, Représentant de Vigna di Rachele, Fabrizio Lastei avec les jeunes de Militia Christi, Wolfram Pensiero, Président de l’Association Famiglia piccola Chiesa (Famille petite Eglise NDT), l’école Saint Pancrace de la Fraternité Saint Pie X et l’école Chesterton. Au premier rang, on remarquait une file de médecins, de pharmaciens et d’infirmiers en blouse blanche ainsi que différents rangs de jeunes femmes et de nombreux enfants.
Dans l’attente des interventions officielles, ont pris la parole, montrant également des vidéos, Fabio Fuiano, Président des Universitaires pour la Vie d’Italie, et Stefano Principe du groupe Voci del Verbo (voix du Verbe NDT). Sur la scène se trouvait également Andrea Caciolli, auteur de la chanson L’infinità del vivere qui a servi de bande son à l’événement.
En ouverture, Virginia Coda Nunziante, Présidente de la Marche pour la Vie, a remercié les hommes politiques présents en ce que, comme elle l’a expliqué, si l’événement en soi, n’a pas de nature partisane, « nous avons besoin de nos hommes politiques pour abroger la loi 194 et pour modifier les lois de notre pays qui sont contraires au droit naturel ». Ainsi, sur l’avenue des Forums impériaux se trouvaient également Isabella Rauti, Cinzia Pellegrino et Lavinia Mennuni pour Fratelli d’Italia, Lorenzo Fontana, Simone Pillon, Simona Baldassarre, Filippo Bianchi et Andrea Asciuti pour la Lega, Maurizio Gasparri pour Forza Italia, Mario Adinolfi et Andrea Brenna du Popolo della Famiglia. Le Sénateur Matteo Salvini, ne pouvant prendre part à la manifestation, a envoyé un message dans lequel il a remercié toutes les associations pour la vie et en particulier celles qui offrent un soutien aux mères présentant des grossesses difficiles.
A ensuite pris la parole S.E. Janusz Kotanski, Ambassadeur de Pologne près le Saint-Siège, qui a souligné les progrès accomplis par son pays en matière de protection de la vie, dont la décision par laquelle a été déclarée anticonstitutionnelle la « pratique eugénique » dans la loi relative à la planification familiale, posant des conditions précises en termes d’admissibilité de l’avortement. Du reste, a-t-il précisé, « la famille est au centre de la politique sociale du gouvernement polonais », qui offre des aides pour les nouveau-nés et pour les familles nombreuses, pour l’éducation des enfants, pour le développement des institutions qui prennent soin des enfants jusqu’à l’âge de trois ans. Les fruits de cette politique ne manquent pas : « Nous ne devons pas avoir peur – a-t-il continué –. Le bien remporte toujours la victoire à la fin. Nous devons seulement le servir avec toute la force et le courage dont nous disposons ».
Au micro, lui a succédé Edouard Habsbourg-Lorraine, Ambassadeur de Hongrie près le Saint-Siège, affirmant que « le gouvernement hongrois travaille depuis 9 ans à une politique familiale active dans ce but et nous avons obtenu de très beaux résultats ». Ce sont les chiffres eux-mêmes à en rendre témoignage : +40% de mariages, -25% de divorces, -30% d’avortements. Au cours de la seule année 2019, a été enregistrée une croissance de 9,4% des naissances et de 100% en ce qui concerne le nombre des mariages célébrés. Comment de tels résultats ont-ils été rendus possibles est vite dit : « Il faut s’engager pour aider les familles et faire passer le message selon lequel de nombreux enfants représentent un cadeau fait à la société ». C’est pourquoi il faut les aider au plan économique « au travers de prêts à fonds perdus, de taxes réduites ou d’exemptions, d’aides financières au logement ou pour acheter une nouvelle voiture familiale ». Ce n’est pas tout : « un changement d’attitude est nécessaire » lequel doit rendre visible la famille au sein de la société. « Il s’agit toujours d’une aide importante si les membres-clefs du gouvernement non seulement sont chrétiens mais parlent et agissent en chrétiens dans la mesure où foi chrétienne et famille vont de pair ! Prions pour une Italie de nouveau pleine d’enfants ! » L’Ambassadeur, qui est également Archiduc de la Maison d’Autriche, a entonné par suite le Regina Coeli, au milieu de l’enthousiasme général.
A ensuite pris la parole John Smeaton, Président de la Society for the Protection of the Unborn Children, qui a précisé comment le mouvement pour la vie fait « partie d’une croisade historique beaucoup plus vaste et profonde en vue de la restauration de la Civilisation chrétienne », une croisade à mener unis dans la vérité du Christ.
A ensuite été proposé le témoignage d’Anna Bonetti, une influencer de 23 ans, sourde depuis la naissance à cause d’une anomalie congénitale. Grace à un implant cochléaire et à la logopédie, elle a appris à parler à partir de l’âge de 5 ans. Elle a été le témoin de la campagne de ProVita & Famiglia contre la libéralisation de la pilule RU486 mais elle a dû payer le prix fort pour ses convictions. « Du seul fait d’avoir affirmé que la mère et l’enfant sont deux entités distinctes et par suite que le droit à la vie concerne chacune des deux – a-t-elle déclaré – j’ai été condamnée en tant qu’instigatrice à la haine comme si le fait d’aimer véritablement les femmes consistait à supprimer la vie qu’elles portent en elles. Je me suis convertie à la cause au moment où j’ai connu la choquante vérité concernant l’avortement des enfants sourds. En effet, la connexine 26, à savoir le gène qui provoque ma surdité, peut être identifiée au travers du diagnostic prénatal, dans le silence de l’hypocrisie médiatique, un diagnostic après lequel une bonne partie des enfants « comme moi » ne voit plus la lumière. Pendant très longtemps, je me suis pris pour une erreur, une pièce défectueuse de la fabrication humaine mais ensuite j’ai compris que l’erreur, ce n’était pas moi mais la manière dont la société m’avait vue jusqu’à ce moment et je crois fondamental de restituer à chacun la dignité qu’il mérite. Parfois, existe la conviction qu’être contre l’avortement signifie être contre la liberté alors que l’unique liberté qui est niée en réalité est celle de l’enfant à naitre ».
Ont suivi les témoignages touchants d’Anna et de Dario Alinti, un couple de Milan qui, en 1980, a vécu l’expérience de l’avortement. Ils ont été parmi les premières victimes de la loi 194 : « Cette blessure – a expliqué Anna – je l’ai portée en moi pendant plus de 40 ans. J’étais consciente que personne n’aurait jamais pu me rendre ce que j’avais effacé ce jour-là. Je ne me suis jamais pardonnée et je ne crois pas que je réussirai à le faire même si, avec mon mari, nous avons reçu de très nombreux dons : 6 enfants dont 3 sont au Ciel, 4 petits-enfants et une qui est sur le point de naitre d’ici quelques mois. Le Seigneur m’a cependant fait rencontrer un groupe, « La vigna di Rachele », qui a représenté pour nous cette guérison, cette renaissance, qui démontre que du mal peut également venir le bien. La blessure ne saigne plus comme auparavant mais une cicatrice demeure, une cicatrice que je désire voir rester bien présente sur mon corps et dans mon cœur. Elle ne doit pas être effacée, je le demande toujours au Seigneur. Je sais que ma fille est au Ciel et qu’elle fait partie des martyrs innocents ». Son mari, Dario, en larmes, a évoqué ces moments dramatiques, marqués par l’avortement de leur enfant : « Je me repend pour ne pas avoir su être aux cotés de mon épouse et pour l’avoir laissé seule face au choix. Si j’avais été à ses côtés, elle ne l’aurait pas fait ». D’où un appel vibrant à tous les hommes afin qu’ils demeurent aux cotés de leurs épouses, leurs tendent la main, leur montrent une alternative à la tragédie de l’avortement, tragédie dont il n’est pas possible de revenir en arrière.
En liaison vidéo sur l’écran géant de la Marche pour la Vie, a également pris la parole l’Evêque de Sanremo-Ventimiglia, S.Exc. Mgr Antonio Suetta, dont nous reprenons à part la très belle et très forte intervention. La Présidente de la Marche pour la Vie, Virginia Coda Nunziante, a conclu la X° édition de ce grand événement en soulignant combien il « ne consiste pas dans les mots mais dans la substance et la substance, depuis la première édition, en 2011, a été celle d’exprimer une présence publique pour affirmer que la vie est un don indisponible de Dieu et pour combattre la loi inique 194 qui a légalisé le meurtre en Italie, jusqu’à ce jour, en 43 ans, de plus de 6 millions d’innocents ». Ceci a produit des fruits généreux tels que l’avènement de nouveaux groupes et mouvements – Pro Vita, les Juristes pour la Vie, les Universitaires pour la Vie et les Lycéens pour la Vie – partie d’un monde en faveur de la vie devenu vaste au cours de ces dix dernières années et dont « la Marche pour la Vie a toujours représenté un événement unifiant. Nous devons désirer profondément que toute notre société redevienne profondément chrétienne parce que ce n’est que de cette manière que seront retrouvées la paix, l’harmonie, la croissance et la prospérité. Ou la société se convertira ou bien elle ira vers un inexorable déclin ».