Livres: Dieu ou rien du cardinal Sarah

Dieu ou rien du cardinal Sarah
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Dieu ou rien du cardinal SarahUne chose est sûre : lorsque le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’exprime, ce n’est pas pour ne rien dire et on ne saurait l’accuser d’employer « la langue de buis ». Figure emblématique d’une Église africaine qui se pose désormais en rempart de la foi, le Cardinal n’a pas peur de regarder les problèmes en face ni de remettre un peu de bon sens dans un catholicisme occidental qui donne parfois l’impression d’en manquer.

Dès le titre du long entretien qu’il a accordé à Nicolas Diat, Dieu ou rien (Fayard, Paris 2015, 415 p., 21,90 €) le ton est donné et il n’est certes pas aux concessions mondaines. Mgr Sarah n’en a jamais fait, et il ne semble pas d’humeur à s’y mettre.

Né au village d’Ourous en Guinée en 1945, le futur cardinal a deux ans lorsque ses parents animistes, touchés par l’exemple des missionnaires français spiritains, demandent le baptême et le lui font conférer. Commence ainsi un parcours exceptionnel qui conduira le jeune garçon d’abord au petit séminaire de Bingerville, puis au grand séminaire de Nancy car la révolution marxiste qui frappe son pays lui interdirait de s’y préparer au sacerdoce. Fils unique, Robert Sarah sait quel sacrifice ses parents ont consenti en le donnant à Dieu ; il saura ne pas le rendre vain.

Ordonné le 20 juillet 1969 dans la cathédrale de Conakry, l’abbé Sarah est le seul séminariste guinéen de sa génération à ne pas s’être découragé devant les difficultés du chemin et les lourdes menaces qui pèsent sur l’Église sous la dictature de Sékou Touré. Après un séjour romain pour poursuivre ses études, l’abbé Sarah regagne la Guinée où la persécution anticatholique bat son plein. D’abord curé de paroisse, il est ensuite nommé supérieur du petit séminaire de Conakry avant d’être, en 1978, appelé à succéder à son archevêque emprisonné.

Cette nomination fait de lui le plus jeune évêque du monde. Face à la tâche écrasante et dangereuse qui l’attend, Mgr Sarah ne se dérobe pas. Il ose élever la voix quand tous se taisent, braver la colère du dictateur qui envisage de le faire disparaître mais meurt brusquement sans avoir eu le temps de se débarrasser de son plus redoutable opposant, et s’impose comme la conscience nationale. Autant dire que l’homme n’a pas peur de grand-chose quand il estime obéir à la volonté de Dieu et remplir son devoir de pasteur. C’est la raison qui pousse Jean-Paul II, en 2001, à l’appeler à Rome pour devenir secrétaire à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples (Propaganda Fide), puis en 2010, à se voir confier par Benoît XVI la Congrégation Cor Unum en charge des œuvres caritatives du Saint Siège.

Ce parcours atypique, le cardinal Sarah le raconte avec émotion et spontanéité et n’a évité aucune des questions qui divisent, fâchent, gênent. De la crise morale et spirituelle de l’Occident aux interprétations aberrantes de Vatican II, de la nécessaire restauration d’une liturgie digne de ce nom au scandale des prêtres pédophiles, de la communion accordée aux divorcés remariés à la dictature du relativisme ambiant, rien n’est laissé de côté.

Le cardinal Sarah s’exprime sur tous ces sujets, et bien d’autres, en se référant aux Écritures, au catéchisme, à la Tradition, à l’enseignement constant de l’Église, aux grandes figures de la pensée catholique d’hier et d’aujourd’hui. Il dit ce qu’il y a à dire, sans acrimonie, sans agressivité, avec beaucoup de compassion mais jamais de faiblesse car il sait que la véritable charité ne consiste pas à tout laisser faire et tout absoudre sous prétexte que Dieu est bon. Cela avec une sagesse et un humour immenses qui rendent attrayante la lecture de ce livre. (Anne Bernet)

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