Peut-on encore en écrire l’histoire de France?

l’histoire de France
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Depuis Ferry, l’école laïque telle que l’avait instituée la République travaillait à construire une mémoire collective, faussée, mensongère mais qui avait le mérite d’inculquer aux enfants, avec « le roman national », des valeurs civiques et l’amour de la patrie. Depuis cinquante ans, et le phénomène s’est accéléré, nous assistons, au contraire, à la démolition de ce système éducatif.

S’y substituent des programmes d’histoire déconnectés de tout réalisme pédagogique, inspirés de « l’École des Annales », laquelle s’adressait à des universitaires, et soumis à des influences extérieures délétères : loi Taubira du 23 mai 2001, dite loi mémorielle ; refus, en quartiers « sensibles », des allusions au passé chrétien de la France ; volonté politique de couper définitivement, dans le cadre de la mondialisation, les nouvelles générations de leur passé, tout est fait pour donner à la jeunesse la détestation de son passé et de son pays, ou la rendre amnésique.

Le premier effet de ce choix est d’empêcher l’assimilation des enfants issus de l’immigration qui ne sauraient se reconnaître dans un « modèle français » qu’on leur apprend à haïr ou mépriser. Avec les conséquences, à court terme dramatiques pour la cohésion nationale, d’une telle politique. Jacques Heers s’en était ému, dans L’Histoire assassinée (éditions de Paris, 2006, 270 pages, 28 €), analysant lucidement une évolution qu’il estimait plus cohérente qu’il y paraît, guidée, sous une forme ou une autre, par la haine du passé catholique et royal de la France. Dimitri Casali, dans L’histoire de France interdite (Lattès, 2012, 286 pages, 19 €), arrivait au même constat, affirmant : « Ce n’est pas le mot histoire qui gêne, c’est le mot France ». Il proposait, moindre mal, d’en revenir au modèle de Ferry, purgé de son sectarisme.

Jean Sévillia le tente avec son Histoire passionnée de la France (Perrin, 2013, 555 pages, 25 €). La conclusion en donne la clef de lecture : « Dans un pays divisé de croyances, aujourd’hui soumis à des bouleversement ethnoculturels profonds, tout ce qui rassemble et réunit doit être privilégié ». Démarche consensuelle assumée. Sévillia, que ses lecteurs connaissent souvent plus tranché, se refuse à opposer entre elles les factions qui, au cours des siècles, ont divisé la France. Monarchie, empire, république sont traités sur un pied d’égalité, d’un regard distancié, les deux derniers siècles tenant plus de place que les dix-huit précédents. S’en agacera-t-on ? Non car, à un esprit de synthèse efficace, se joint, non la passion mais l’amour de la France. En quoi ce livre constitue un efficace contrepoison à l’enseignement actuel. (Anne Bernet)

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