Parmi les effets du Concile Vatican II, le plus évident est sans doute la mise de côté du latin de la part de l’Église. A cause de son envie d’être dans l’air du temps et de s’ouvrir au monde, à partir des années 60, une grande partie du monde catholique a commencé à s’opposer à la langue de Cicéron parce que, de l’avis de certains, elle empêchait aux fidèles de “comprendre” la liturgie et de s’approcher du sacré.
Avec comme résultat, désormais évident aux yeux de tous, que sans le latin de la Messe, le sens du sacré s’est presque complètement perdu. Et pourtant le latin demeure la langue officielle de l’Eglise. Benoît XVI le souligne lui-même et, par le Motu proprio Latina lingua, du 10 novembre 2012, il a institué l’Académie pontificale de Latinité, dépendant du Conseil pontifical pour la Culture. De cette manière, comme le dit le document pontifical, « la Fondation Latinitas, constituée par le Pape Paul VI (…) est éteinte ». Il semble presque que, face à un monde et à une liturgie qui ont tourné le dos à la langue sacrée, les Souverains Pontifes ont cherché à la sauver, du moins d’un point de vue culturel.
Dans le Motu Proprio publié dans “L’Osservatore Romano”, Benoît XVI a par ailleurs le grand mérite de rappeler la trop peu connue Constitution apostolique Veterum sapientia, promulguée par le Pape Jean XXIII en 1962, année de l’ouverture du Concile Vatican II. Dans ce texte, le Souverain Pontife rappelait avec force le caractère essentiel du latin pour l’Eglise. Le latin est en effet une langue universelle, non sujette à modifications, en mesure de fixer avec précision les vérités de la foi qui ne peuvent être modifiées (comme pourraient le prétendre en revanche certains modernistes).
« La langue latine – écrit Benoît XVI – a toujours bénéficié d’une très grande considération de la part de l’Eglise catholique et des Souverains Pontifes romains, qui en ont activement promu la reconnaissance et la diffusion, l’ayant adoptée comme leur propre langue, capable de transmettre de façon universelle le message de l’Evangile ». « Aujourd’hui encore, la connaissance de la langue et de la culture latine apparaît plus que jamais nécessaire pour l’étude des sources où nous puisons, entre autres, les nombreuses disciplines ecclésiastiques telles que, par exemple la théologie, la liturgie, la patristique et le droit canonique, comme l’enseigne le Concile œcuménique Vatican ii (cf. Décr. Optatam totius, 13).
En outre, c’est dans cette langue que sont rédigés, sous leur forme typique, justement pour souligner le caractère universel de l’Église, les livres liturgiques du Rite romain, les documents les plus importants du magistère pontifical et les Actes officiels les plus solennels des Pontifes romains ». Dès lors, puisque l’on assiste d’un côté à une grave crise des études humanistes et de l’autre à un intérêt renouvelé envers celles-ci, selon Benoît XVI, « il semble donc urgent de soutenir l’engagement pour une majeure connaissance et un usage plus compétent de la langue latine, aussi bien dans le domaine ecclésial que dans le monde plus vaste de la culture ».
Le désir est que la beauté du latin puisse être redécouverte, non pas comme la langue de quelques élus ou comme une pièce de musée, mais comme une langue vivante et adaptée à tous. Il est fondamental que les prêtres recommencent à l’étudier et que les fidèles le considèrent à nouveau comme familier. Certainement le lieu le plus adapté à son usage est la liturgie. Dans le cadre du culte, en effet, comme cela est le cas dans toutes les grandes religions, on ressent véritablement le besoin d’une langue sacrée, capable d’ouvrir le cœur au mystère de Dieu. Dans le passé, où qu’il se rende, le catholique pouvait assister au Saint Sacrifice de la Messe dans la même langue et il comprenait exactement ce qui se passait à l’autel.
Aujourd’hui, à l’époque de la mondialisation et d’une plus grande instruction, non seulement la religion catholique est fragmentée dans les langues nationales propres au rite mais nombreux sont ceux qui ne savent plus exactement ce qu’est la Messe. (Fe. C.)