La Commission européenne a à nouveau appelé à la reprise des négociations en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Un temps laissées de côté à cause de l’impopularité croissante du Premier ministre turc en Europe, ces négociations semblaient devoir se clore d’elles-mêmes sur un constat négatif. Aussi bien la nature du pays que le radicalisme du parti au pouvoir éloignaient la Turquie de l’Europe.
Par ailleurs, tout le monde peut se rendre compte que dans le contexte international d’un islam militant et l’instabilité du Proche-Orient, ce serait une folie pour l’Union européenne d’avoir des frontières communes avec la Syrie, l’Irak et l’Iran. De plus, une Turquie en voie de radicalisation islamique deviendrait comme une passoire pour un flot continu de jihadistes vers l’Europe. Mais il faut croire que le Commissaire à l’Elargissement, Stephan Fule, n’a jamais pris le métro dans une des grandes capitales européennes et n’est donc pas capable de se rendre compte de ce qu’est le phénomène de l’islamisation rapide.
Il a donc exprimé le vœu que les pourparlers d’adhésion soient repris, comme en témoigne le rapport de la Commission européenne publié le 10 octobre dernier. « La Turquie est un pays-clé pour l’Union européenne – déclare Stephan Fule – et nous avons des intérêts en commun. La Commission européenne recommande que les négociations reprennent ».
En mai, le Commissaire était à Ankara pour tenir le même discours. Les négociations ont officiellement débuté en 2005, mais elles ont été considérablement gênées par le refus de la Turquie de reconnaître Chypre. En juin, le ministre turc des Affaires étrangères annonçait que la Turquie n’assisterait à aucun événement présidé par la République chypriote qui assurait la présidence de l’Union. Cette seule attitude qui suffirait à suspendre les relations entre la Turquie et l’Union européenne, ne compte pas pour Fule.
De même, il a ignoré les reproches de la Turquie à l’encontre de l’Union l’accusant d’être trop « molle dans la coopération anti-terrorisme ». Une telle obstination dépasse l’entendement. Doit-on penser que l’Union européenne aux abois cherche dans une fuite en avant à redistribuer les dés sans se soucier des conséquences ? Ou bien est-ce la situation critique au Proche-Orient qui la pousserait, sous la pression américaine, à sécuriser un allié turc de moins en moins fiable ? Une chose est certaine : la recherche de l’adhésion de la Turquie se fait sans la moindre considération pour les intérêts européens, ce qui démontre une fois de plus combien l’Union européenne est à la solde de puissances étrangères et d’intérêts particuliers. (G. de B.)