Suite à la motion votée par le parlement sud-africain le 27 février dernier en faveur d’une révision de l’article 25 de la loi fondamentale de l’Afrique du Sud, les fermiers blancs pourraient être victimes d’une expropriation massive sans compensation. L’Afrique du Sud s’inspire ici de ce qui a été fait au Zimbabwe.
La proposition émane de Julius Malema, chef des Combattants pour la Liberté économique et violemment raciste anti-blancs. Les fermiers blancs détiennent encore 73% des terres agricoles contre 85% à la fin de l’apartheid. La nouvelle de la confiscation a été ignorée dans le monde occidental à l’exception de l’Australie qui, par la bouche du Ministre de l’Intérieur Peter Dutton, a proposé d’offrir des visas humanitaires aux Sud-Africains persécutés si la loi devait entrer en vigueur. La proposition a été poliment repoussée par Hannes Louw, porte-parole du mouvement CapeXit qui milite en faveur de la sécession de la région du Cap du reste de l’Afrique du Sud. L’émigration devrait être, selon lui, la toute dernière option. Il préconise la sécession, c’est-à-dire l’exercice d’un droit prévu par la constitution sud-africaine.
En 1994, l’Afrique du Sud est passée pacifiquement à un régime démocratique qui a permis l’arrivée au pouvoir de l’ANC, mais en 24 ans la situation des minorités s’est considérablement dégradée. Des représailles à caractère raciste et économique d’une grande violence ont été systématiquement le fait de la majorité noire, ignorées ou même encouragées par le gouvernement. La minorité blanche est la première touchée par cette politique. Elle représente environ 4,5 millions de personnes, soit 8% de la population sud-africaine. Cette minorité vit dans l’insécurité permanente. De plus, une discrimination à l’emploi est mise en pratique, prévue par le Black Economic Empowerment Act, si bien que les blancs perdent leur emploi à cause de leur race et ne parviennent pas à en retrouver un pour la même raison.
Beaucoup de blancs sont tombés dans la misère suite à ces mesures discriminatoires et près d’un demi-million d’entre eux vivent à présent dans des bidonvilles. La nouvelle d’une possible confiscation légale des terres des fermiers blancs n’a fait que provoquer la multiplication des attaques contre les fermes tenues par cette minorité. Ces attaques, appelées «plaasmoorde » en afrikaans, se produisent par milliers et sont d’une brutalité inimaginable. Elles s’accompagnent le plus souvent de scènes de torture qui n’épargnent pas les enfants, mêmes les bébés.
CapeXit, précédemment dénommé « Afrikaner Society » a officiellement informé le gouvernement sud-africain qu’il allait mettre en marche le processus de sécession tel qu’il est défini par la section 235 de la loi fondamentale de l’Afrique du Sud, ainsi que par d’autres documents officiels qui garantissent le droit à l’auto-détermination. Le territoire visé comprend les provinces du Cap occidental, du Cap du Nord et du Cap oriental. Cette région se distingue nettement du reste de l’Afrique du Sud en ce que la langue afrikaans y est majoritairement parlée soit par des blancs soit par des minorités de couleur en majorité de confession chrétienne, selon les données du recensement de 2011. « Le gouvernement suprémaciste noir a lui-même ouvert la voie vers la guerre civile de sorte qu’il n’y a plus d’autres options – précise Louw – et la seule façon d’éviter encore une crise humanitaire majeure est de créer un refuge pour les Afrikaners et les descendants des peuples aborigènes d’Afrique du Sud qu’on appelle communément Khoi ou San. »
Ces derniers, aussi appelés « Bushmen » sont les tout premiers habitants de la région du Cap avant l’arrivée des premiers colons européens avec lesquels ils ont toujours eu d’assez bonnes relations. Selon l’historien Harry Booyens, « la sécession est le seul moyen qui reste pour la survie des non-noirs. Le monde a soutenu la division du Soudan en deux pays indépendants sur base de la race ; le même processus est inévitable en Afrique du Sud. La seule question est combien de personne vont encore devoir mourir avant que l’inévitable ne se produise ». Le vol des terres prévu par le gouvernement n’est pas, en fin de compte, une question de terres. D’après Pieter Groenwald, député du Freedom Front Party au Parlement sud-africain, « tous les bénéficiaires des fermes déjà confisquées auraient préféré de l’argent à la place des fermes. Le gouvernement détient déjà plusieurs milliers de fermes et presque toutes celles qui ont été redistribuées sont déjà tombées en faillite. »
Le problème de la sécession en Afrique du Sud est que la population blanche est répartie sur la quasi-totalité du territoire selon des proportions très variables. Les fermiers sont attachés à leurs terres et envisagent rarement de déménager. Cependant la perspective d’une sécession peut encourager les minorités menacées à se regrouper, augmentant ainsi les chances d’obtenir l’auto-détermination. On peut aussi supposer d’un nouvel état sud-africain renouant avec les habitudes de bonne gestion et de prospérité que connaissait l’Afrique du Sud avant la fin de l’apartheid, attirera les investisseurs et sera promis à un grand avenir. (Christophe Buffin de Chosal)