Samedi 5 avril, la petite Umma Azul a reçu le sacrement du Baptême à la cathédrale de Córdoba en Argentine. On ne peut que se réjouir de sa renaissance dans le Christ. Cependant plus d’une perplexité se lève quand on découvre les particularités de ce baptême insolite, médiatisé de telle façon qu’il a déchaîné une vive polémique internationale avant même d’avoir été célébré. Umma, en effet, est le fruit d’une fécondation artificielle, fille d’une femme unie par le “mariage” à une autre femme.
L’une et l’autre se présentent comme “mères” d’Umma, revendiquant ce que l’on appelle l’homoparentalité. La petite aurait donc deux “mères” et aucun père, le père biologique étant réduit à un impersonnel « fournisseur de sperme ». Soledad Ortiz e Karina Villarroel, les “mères” d’Umma, non seulement ont contracté – et c’est le premier couple à Córdoba – un “mariage igualitario (homosexuel)”, mais ont aussi manifesté publiquement leur adhésion personnelle à la “culture gay” et leur fierté d’être lesbiennes en revendiquant une nouvelle idée de parentalité déclinée dans le sens homosexuel.
Le baptême de la petite Umma a été ainsi présenté par les deux femmes comme par la quasi totalité des médias, comme une sorte de bénédiction ecclésiale des unions gay. Le choix même de la marraine est significatif. Les deux femmes ont choisi, pour accompagner Umma Azul aux fonds baptismaux, Cristina Fernandez de Kirchner, celle-là même qui, en qualité de présidente de l’Argentine, promulgua la loi institutionnelle des “mariages homosexuels”. La présidente Kirchner a accepté, et, bien que n’étant pas présente physiquement à la cérémonie, a tenu son rôle par procuration en assumant le titre et les charges de marraine. Il est difficile de croire que le choix de la cathédrale comme lieu et du chef de l’Etat comme marraine soit dépourvu de but médiatique et de propagande idéologique. On se demande pourquoi les autorités ecclésiastiques ont permis une telle instrumentalisation d’un sacrement, sacrement administré avec l’assentiment, même quant au lieu et modalités, de l’archevêque Mgr Carlos Nanez.
L’archidiocèse de Córdoba aurait pu établir un lieu plus retiré et plus modeste pour la célébration du baptême et imposer la plus grande discrétion. Il aurait pu opposer plus d’une objection sur le choix de la marraine, étant données les positions objectives et publiques de Kirchner en opposition ouverte avec la Doctrine catholique. Et pourtant, rien de tout cela ! Et puis on se demande pourquoi l’archidiocèse de Córdoba a accepté de reconnaître Umma comme fille des deux femmes alors qu’elle est fille seulement de l’une des deux et d’un père inconnu. Qu’est-ce qui fait de la seconde femme la “mère d’Umma” ? Peut-être le fait d’être unie à la mère de l’enfant par un scandaleux lien “matrimonial” homosexuel ?
Le fait d’avoir reconnu à Soledad et Karina le statut de parents – reconnaissance liturgique qui a eut lieu – et les avoir défini comme “mères” (celle qui a été la première à parler de “mères” au pluriel fut Romana Triunfetti, responsable du service de Communication pastorale de l’archidiocèse de Cordoba) laisse perplexe en constituant une réelle, bien que non explicite, reconnaissance des revendications gay à l’homoparentalité. Et cette histoire devient encore plus problématique et préoccupante lorsqu’on apprend que don Javier Klajner, étroit collaborateur du cardinal Bergoglio à Buenos Aires, et le père Antonio Spadaro, directeur de “La Civiltà cattolica”, font un lien entre l’histoire de Còrdoba et le pontificat du pape François.
Le père Spadaro, s’exprimant dans un congrès promu par la revue “Limes”, s’est pris à déclarer que « s’il n’y avait pas eu le Pape François, il n’aurait pas été facile de baptiser une enfant née d’un couple de lesbiennes ». Le directeur de “La Civiltà cattolica” voit ainsi dans l’histoire de Còrdoba un fruit du pontificat de Bergoglio. Que, pour le père Spadaro, Umma soit « née d’un couple lesbien » et non, comme c’est réellement le cas, d’un homme (irresponsable) et d’une femme (“mariée” avec une autre femme) montre à quel point l’idéologie homosexuelle a pénétré dans le clergé.
Comme l’Eglise l’enseigne, pour être admis au sacrement du baptême, la foi est nécessaire. « Dans le cas du baptême des enfants, la foi des parents et du parrain/marraine qui s’engage à éduquer chrétiennement le baptisé. Si on n’en a pas l’espérance fondée, il n’est pas licite de baptiser cet enfant » (cf. CIC, can. 868). Mais si la foi est l’adhésion surnaturelle par laquelle l’intellect, sous l’empire de la volonté et l’influence de la grâce, adhère avec fermeté à toutes et chacune des vérités révélées par Dieu et enseignées comme telles par l’Église, comment peut-on avoir l’espérance fondée qu’Umma soit éduquée dans la foi catholique quand la mère et l’autre femme professent publiquement des idées contraires à la Doctrine catholique dans le domaine anthropologique et moral ? Si l’on considère que le parrain et la marraine « doivent être de solides croyants, capables et prêts à soutenir le nouveau baptisé sur le chemin de la vie chrétienne » (CCC, 1255), comment Madame Kirchner peut-elle tenir un tel “officium” ecclésial (Sacrosanctum Concilium, 67) quand elle-même partage les mêmes erreurs épousées par les deux femmes et a même traduit de telles erreurs en lois civiles? Le devoir du parrain/marraine est de « s’employer également à ce que le baptisé mène une vie chrétienne conforme au baptême et remplisse fidèlement les obligations qui lui sont inhérentes » (CIC, can. 872); comment la présidente Kirchner peut-elle le garantir si elle est la première à professer des convictions idéologiques incompatibles avec la Doctrine catholique ? De toute évidence, la marraine d’Umma n’a pas été choisie pour garantir l’éducation catholique de la petite, mais plutôt pour appuyer en propagande l’homoparentalité choisie par les deux femmes et rendue possible par Kirchner par la loi grâce à laquelle ce que l’on nomme le “mariage homosexuel” a été introduit dans l’ordre juridique argentin. Ainsi, une fonction ecclésiale a été manifestement pervertie, instrumentalisée, pour des fins contraires au bien, contraire à un sacrement. Un scandale s’est créé au travers d’un acte liturgique et tout cela avec le consentement tacite des autorités ecclésiastiques.
Etant donné le relief médiatique donné à cette histoire, par une évidente initiative des deux femmes et du réseau homosexuel mais non sans responsabilité des autorités ecclésiastiques et de personnalités comme le père Spadaro, le scandale a été universel, atteignant, indirectement, jusqu’à la figure du Pontife Romain. Il est urgent, par conséquent, qu’une parole de vérité vienne le réparer et une telle parole doit venir de Rome. Espérons que la Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements intervienne avec autorité en faisant la clarté et en rétablissant la vérité sur le baptême. (Christian De Benedetto)