Belgique : Bicentenaire de la bataille de Waterloo

Bicentenaire de la bataille de Waterloo
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Bicentenaire de la bataille de WaterlooRares sont les guerres où le vaincu reste un héros. C’est le cas de la bataille de Waterloo dont la commémoration célèbre Bonaparte plus que Wellington, Blücher ou le Prince d’Orange qui en furent les vrais héros.

Par une curieuse distorsion historique, l’envahisseur et l’oppresseur, l’homme qui a mis toute l’Europe à feu et à sang pendant 15 ans reste dans l’imaginaire collectif le « bon » tandis que les vrais Européens qui l’ont combattu sont suspects. On pourrait écrire « Napoléon, le rêve brisé » sans choquer trop de monde. On ne pourrait en faire de même avec d’autres dictateurs européens…

Ainsi le récit de la dernière bataille de Bonaparte a été, dès le départ, biaisé par cette bienveillance à son égard. Au lendemain de la bataille, on disait que l’empereur avait été trahi, que Grouchy n’avait pas reçu ses messages (ce dont les historiens débattent encore) ou qu’il possédait des cartes imprécises.

Certains auteurs ont soutenu que l’armée française était inférieure en effectifs – ce qui est manifestement faux et que tout le monde savait à l’époque. La réalité est beaucoup plus simple : Bonaparte s’est trompé. Il a gravement sous-estimé la valeur des Anglais et des Belgo-Néerlandais, il a négligé l’éventualité de l’intervention prussienne et il a sacrifié ses meilleures forces dans un geste désespéré.

Bonaparte était usé. Plus que par le passé, il affichait son mépris pour ceux qui le servaient aveuglément, que ce soit ses maréchaux ou ses soldats. Il n’a jamais considéré que ses adversaires avaient beaucoup appris au cours des campagnes menées contre lui. La valeur des Anglais et des Prussiens n’est plus à démontrer.

Le Duc de Wellington et le maréchal Blücher, 73 ans, étaient des hommes d’un courage et d’une détermination extraordinaires. Trop longtemps ignorée des récits britanniques, l’intervention du Prince d’Orange aux Quatre-Bras, le 16 juin 1815, a été décisive. Le jeune royaume des Pays-Bas avait été capable de rassembler 17 000 hommes à la hâte. Ils tentèrent, avec l’aide d’un contingent prussien, de bloquer le maréchal Ney au carrefour des Quatre-Bras, une dizaine de kilomètres au sud de Waterloo.

Les Français étaient bien supérieurs en nombre. Il s’agissait de ralentir leur progression vers Bruxelles. Wellington avait négligé l’enjeu stratégique de ce carrefour : le soir du 15 juin, insouciant, il s’était rendu au bal que donnait la duchesse de Richmond.

Le chef d’état-major néerlandais Constant Rebecque, contre les ordres de Wellington, avait fait surveiller les Quatre-Bras par le major von Normann et le régiment du colonel Bernard de Saxe-Weimar. Le 16 juin au petit matin, le combat fut féroce. Bonaparte rapporta lui-même en 1817 : « Sans l’héroïque détermination du Prince d’Orange qui, avec une poignée d’homme, a osé prendre position aux Quatre-Bras, je prenais l’armée anglaise en flagrant délit et j’étais vainqueur ».

Effectivement, si Ney était passé sans encombre aux Quatre-Bras, il n’aurait pas permis à Wellington de prendre position à Waterloo, tant il est vrai que la rapidité de déplacement a toujours été un atout majeur de Bonaparte.

Pour ce qui est de l’héroïsme et du courage, c’est hélas tout autre chose. Napoléon a fui le champ de bataille avant la fin. Des soldats continuaient à mourir pour lui alors qu’à Genappe, 20 kilomètres au sud de Waterloo, il abandonnait son chapeau et son épée dans sa voiture pour fuir à cheval ses poursuivants prussiens dans les mains desquels il ne voulait absolument pas tomber.

Pour la même raison, il aurait fui en Amérique si les Anglais n’avaient bloqué les ports français. Le courage n’a jamais été le fort de Napoléon Bonaparte. Les Mémoires secrets sur Lucien Bonaparte (Bruxelles, 1815) mentionnent diverses circonstances où son illustre frère a préféré la fuite à l’affrontement, l’une d’entre elles étant la déconfiture du jeune général Bonaparte devant le Conseil des Cinq-Cents avant son coup d’Etat.

Et l’auteur de conclure : « On eut, pour la première fois, la preuve que cet homme était loin de posséder le courage qui convenait à sa fortune. Sur le champ de bataille, sa bravoure n’eut jamais rien d’éclatant, ni de cet abandon naturel à nos plus illustres guerriers ». (Christophe Buffin de Chosal)

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