Les élections communales et provinciales qui ont eu lieu en Belgique le 14 octobre dernier n’ont fait apparaître aucun phénomène réellement nouveau. La classe politique en place dont la position de force est verrouillée par des règlements, des subsides publics et un quasi monopole médiatique, a renouvelé son emprise sur la politique et, dans une faible mesure, son personnel.
Curieusement, pour la première fois en Belgique, la Ministre de la Justice avait déclaré que les abstentionnistes ne seraient pas poursuivis. Cette annonce a fait quelques vagues dans un pays où les citoyens n’ont pas le droit mais l’obligation de vote. Le taux d’abstentionnistes a donc crû, mais pas de façon considérable. Probablement parce que les gens sont quand même plus concernés par des élections locales que par les législatives ; et puis la méfiance vis-à-vis des politiciens est telle qu’on ne sait jamais si l’on peut accorder foi à la parole d’un ministre…
Autre fait marquant : le vote ethnique. Tangible à Bruxelles et dans quelques grandes villes, le vote ethnique représente un poids qu’aucun parti en place n’oserait négliger. C’est ainsi que toutes les formations, de gauche ou de droite, ont courtisé les électeurs issus de l’immigration, soit en les inscrivant massivement sur leurs listes, soit en leur promettant des « accommodements raisonnables » en matière d’application de la sharia dans leur commune. Le fait n’a pas échappé au bourgmestre sortant de la commune de Saint-Josse à Bruxelles, le socialiste Jean Demannez, qui a été supplanté par son colistier Emir Kir. Il accuse son successeur d’avoir bénéficié d’un « vote ethnique » dans une commune où plus de la moitié de la population est musulmane, et se qualifie lui-même « d’ancien Belge ».
Ces propos ne manquent pas de piquant venant d’un membre du parti socialiste qui a été la première formation politique à recruter ses électeurs dans l’immigration – son nouveau prolétariat – et, à présent, ses élus. Emir Kir sera donc le premier bourgmestre musulman de Belgique.
Enfin, le succès de Bart De Wever à Anvers a retenu toute l’attention. Ce politicien libéral, républicain et séparatiste flamand a fait 36 % des voix dans la Métropole et déjà il annonce une réforme institutionnelle à l’échéance électorale de 2014 pour faire passer la Belgique d’un régime fédéral à un régime confédéral, dernière étape, selon lui, avant le démantèlement du pays. De Wever bénéficie d’une grande adhésion pour son bon sens libéral de la part d’une population qui est loin d’être séparatiste. Le Vlaams Belang, aujourd’hui en perte de vitesse, avait aussi utilisé ses voix contre l’immigration en faveur d’un programme séparatiste qui ne rencontre en général qu’indifférence. La population belge n’a plus aucun intérêt pour les questions linguistiques et communautaires qu’une classe politique très peu représentative continue à exploiter sans vergogne. Les élections communales belges n’ont donc fait que confirmer la tendance générale vers l’oligarchie politique et le clientélisme – moins de démocratie, plus de politiciens. (C.B.C.)