Il existe des régions du monde, comme la Chine et Cuba, où le socialisme réel continue de discriminer les communautés chrétiennes et, en général, toute entité religieuse qui se défend contre l’État athée. Le cas cubain est extrêmement intéressant et revient sous les feux de la rampe de la communauté internationale. Le Parlement européen, dans une déclaration du 12 juillet 2023, est allé jusqu’à dire, entre autres, qu’il «condamne le soutien du régime cubain à la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine et la manière dont il défend la Russie et la Biélorussie ; et rappelle le fait que l’absence de soutien à l’Ukraine contre l’agression aura des conséquences ; et enfin regrette que les déclarations du régime [sur les droits de l’homme et le respect des communautés religieuses] se soient révélées purement rhétoriques et sans conséquence pratique». Alors que la position européenne face à d’autres dossiers sensibles, comme les Pasdarans, sans parler de la Chine, a été incertaine voire ambiguë, les décisions concernant le régime communiste cubain ont été nettes et claires.
De même, et plus fermement, le gouvernement des États-Unis s’était exprimé dans le Report on International Religious Freedom: Cuba de 2022 : «le gouvernement cubain a multiplié les arrestations, les exils, les amendes arbitraires, la surveillance, les refus de licences religieuses et de visas, ainsi que les abus physiques et mentaux contre les leaders et activistes chrétiens qui ont critiqué les principes du Parti communiste sur la base de leur foi». Le gouvernement américain s’appuie sur des informations recueillies par Open Doors, une organisation chrétienne œcuménique, qui a constaté que l’opposition des fidèles provenait d’une protestation contre les récents amendements constitutionnels au code de la famille. Il faut dire que dans le régime cubain, les convictions politiques et religieuses sont souvent entremêlées et qu’il est difficile de faire la part des choses et de comprendre si certaines situations sont imputables à l’identité religieuse ou à autre chose.
Mais en fait, à Cuba, sur une population de 11 millions d’habitants (à la mi-2022), environ 60 % sont catholiques et 5 % protestants (principalement pentecôtistes et baptistes). Il existe des minorités juives, principalement à La Havane, soit environ 1 000 personnes, et près de 4 000 musulmans majoritairement sunnites, dont moins de la moitié sont nés dans le pays. Il y a également 6 000 bouddhistes. Le socialisme réel doit donc lutter contre beaucoup de choses pour faire prévaloir sa perception brutale et athée du monde et de l’histoire et il le fait principalement avec les moyens de l’État policier.
L’universitaire Maria Werlau a écrit que «dès le début, le régime révolutionnaire cubain a eu deux priorités : exercer un contrôle totalitaire interne et répandre son modèle radical et son influence dans le monde entier. Sur ces deux fronts, il a consacré d’énormes ressources matérielles et humaines, travaillant de manière sophistiquée, cohérente, déterminée et patiente. Les services secrets ont déployé une armée d’espions, de propagandistes et de collaborateurs dans de vastes secteurs de la société, dans tous les pays de la région et dans le monde. Pendant des décennies, ils ont recruté d’innombrables agents et collaborateurs locaux, même dans les plus petites nations insulaires des Caraïbes. Ils gèrent ces vastes réseaux grâce à un corps de fonctionnaires bien formés, sélectionnés et dévoués, qui se font passer pour des diplomates ou occupent d’autres fonctions officielles, telles que des représentants commerciaux et des journalistes pour des agences de presse cubaines».
Cuba compte 126 ambassades étrangères pour une population de 11,3 millions d’habitants, alors que l’Italie n’en a “que” 124 pour une population de 60,5 millions d’habitants. Le PIB de Cuba en 2020 était de 67,8 billions de dollars, celui de l’Italie de 1889 billions. Les exportations cubaines en 2020 étaient de 8769 millions de dollars et celles de l’Italie de 555043 millions de dollars. Mais la différence est que les exportations cubaines sont presque entièrement (80 %) constituées de services, dont 58 % sont du travail médical exploité, dont les revenus vont presque exclusivement à l’État (Cuba’s diplomatic presence, Archivio Cuba).
Ajoute Mme Werlau; «selon d’anciens officiers de renseignement cubains (ayant fait défection), au début des années 2000, la Direction comptait environ 600 officiers opérationnels gérant quelque 7 800 personnes dans le monde, secrètement intégrées dans les gouvernements, les médias, les institutions académiques et scientifiques, les partis politiques, les organismes internationaux, les syndicats, les bureaux de poste et les groupes de téléphonie. Tout indique que le service de renseignement s’est développé grâce au soutien financier du Venezuela, à son alliance avec d’autres partenaires de l’ALBA, au renforcement des liens avec la Russie, l’Iran, la Chine et la Corée du Nord, et aux relations de plus en plus ouvertes que la plupart des gouvernements du monde ont accordées à Cuba. L’exode massif, quelque 500 000 personnes vers les seuls États-Unis depuis 2009, […] a permis d’introduire facilement de nombreux agents dans toute la région».
Cet alignement des puissances despotiques entre Cuba et la Russie s’est ensuite manifesté lorsqu’une ONG basée à Madrid a rapporté que les deux gouvernements avaient signé un accord pour envoyer des forces armées cubaines en Ukraine. Cela concorde parfaitement avec le retrait présumé et planifié de Wagner de ce scénario de guerre dans le mois de juillet. Selon l’ONG Prisoners Defenders, la Fédération Russe verserait à chaque Cubain 2 000 dollars par mois, dont la quasi-totalité (75 à 95 %) irait au gouvernement de La Havane. Comme on peut constater, le socialisme réel, en plus d’obscurcir les consciences, cherche aussi à enserrer les gouvernements étrangers : les consciences des individus et l’histoire des peuples sont souvent mises en danger par des régimes despotiques qui agissent de manière criminelle.