France : forte abstention et victoire de la gauche aux élections législatives

forte abstention et victoire de la gauche aux élections législatives
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Les élections législatives des 10 et 17 juin 2012 ont été marquées par une abstention exceptionnellement élevée : 42,5 % au 1er tour ; 44 % au 2ème tour ; tant et si bien que les députés les mieux élus de France n’ont obtenu au 1er tour que 35 % des inscrits alors que, il y a vingt ans, un Philippe de Villiers ou un Jacques Blanc obtenaient dans leur circonscription respective autour de 50% des inscrits. Le récent redécoupage des circonscriptions législatives et les conditions de l’élection de F. Hollande laissaient planer une certaine incertitude quant aux résultats de ces élections législatives.

La gauche l’a en définitive emporté. L’avantage qui se dessinait en sa faveur au soir du 1er tour s’est sensiblement amplifié au 2ème tour, la gauche réussissant à l’emporter dans des circonscriptions où elle était nettement minoritaire au soir du 1er tour.

Au soir du 2ème tour, le Parti socialiste a obtenu à lui seul 278 sièges ; les radicaux de gauche en ont eu 13 ; les chevènementistes, 2 ; les indépendants de gauche, 21. Ces derniers sont souvent des socialistes qui, soutenus en sous-main par leur parti, se sont présentés contre des Verts officiellement soutenus par le PS. De tels affrontements ont presque toujours tourné à l’avantage des socialistes dissidents, qui, victorieux, s’apprêtent à réintégrer les rangs du parti qui les a écartés le temps de la campagne. Ces affrontements marquent bien les limites de la cohésion de la nouvelle majorité et annoncent peut-être de prochaines fractures en son sein.

Malgré un accord électoral excessivement avantageux, les Verts n’ont obtenu que 18 sièges, qui ne sont pas nécessaires au gouvernement de J.-M. Ayrault pour gouverner. De même, les 10 sièges du Front de Gauche ne sont pas indispensables à la majorité. Jamais depuis 1958 la gauche communiste n’avait obtenu aussi peu de députés. Le bon score de J.-L. Mélenchon à l’élection présidentielle ne lui a pas profité. Les radicaux de gauche, les Verts et le Front de gauche auront chacun un groupe parlementaire.

A droite, l’UMP a subi une défaite sévère, ne recueillant que 197 sièges. De nombreuses personnalités ont été battues, y compris dans des circonscriptions jugées très solides. Le cas de l’ancien ministre H. de Charette dans le Maine-et-Loire en est un exemple spectaculaire. Cependant, plusieurs défenseurs des valeurs familiales ont été réélus, à commencer par Marc Le Fur à Lamballe, dans une circonscription pourtant difficile. Pour l’UMP, travaillée par de sévères rivalités, se pose à présent sérieusement la question de la cohésion et de l’unité. Le centre sort également très affaibli : 14 sièges pour le Nouveau centre et l’Alliance centriste, 9 sièges pour les radicaux valoisiens et 2 sièges pour le Centre pour la France, dont le chef de fil, F. Bayrou, a été battu dans les Pyrénées-Atlantiques qu’il représentait depuis 1986. L’ancien ministre Jean-Louis Borloo a annoncé la constitution d’un groupe centriste, « des démocrates et indépendants ».

A la droite de la droite, le F.N. a recueilli 13,7 % au 1er tour, chiffre qu’il n’a jusque là dépassé qu’en 1997 (14,9 %). Comme prévu, la forte abstention a limité le nombre des triangulaires à une trentaine. Nouveauté, le FN a obtenu deux sièges, alors qu’il n’en avait obtenu qu’un en 1988 (Y. Piat), un en 1989 (M.-Fr. Stirbois) et un en 1997 (J.-M. Le Chevalier), qui fut d’ailleurs invalidé peu de temps après.

Plusieurs candidats du FN ont obtenu des scores très élevés au 2ème tour, à commencer par les deux élus : Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, élue à Carpentras avec 42,5b% des voix et l’avocat G. Collard, élu dans le Gard, à Vauvert. A Hénin-Beaumont, Marine Le Pen, après avoir écrasé Jean-Luc Mélenchon au 1er tour, n’a échoué que de justesse au 2ème tour, obtenant 49,9 %. Deux autres candidats FN ont manqué de peu l’élection dans les Bouches-du-Rhône. Cependant, une fois de plus, le système électoral a prouvé qu’il ne permettait pas une représentation équitable des forces politiques.

Ajoutons que le maire d’Orange, J. Bompard, ex-FN, ex-villiériste, a été élu dans le Vaucluse avec 58,9 % des voix et que le Mouvement de Ph. de Villiers a conservé deux sièges en Vendée malgré la défaite regrettable de D. Souchet à Luçon. Ils seront la pointe avancée de la défense des principes traditionnels contre les projets que pourraient déposer le gouvernement en faveur de l’euthanasie, du mariage homosexuel et de la consommation de cannabis. (P.P.B.)

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