La question paraît saugrenue. Elle sous-tend pourtant l’absurde querelle qui agite la France en ce mois de décembre 2014.
Tout a commencé lorsque, comme chaque année, M. Retailleau, président du conseil général de Vendée a installé dans le hall de cet établissement public la crèche de Noël traditionnelle ; et s’est attiré une plainte en justice de la part de la Ligue de la Libre Pensée, laquelle s’échine à empêcher les autres de croire et penser librement, estimant que les santons attentaient à la neutralité religieuse de l’endroit et à la sacro-sainte laïcité républicaine. Le groupuscule athéisant représentant un nombre infime de Français, l’on pouvait s’attendre à voir le tribunal administratif de Nantes, saisi du dossier, se refuser à lui donner suite. C’est le contraire qui s’est produit et les juges administratifs, par arrêt du 12 décembre dernier, ont ordonné le retrait de « l’objet du litige », décision dont M. Retailleau a aussitôt fait appel.
L’incident, navrant mais qui s’inscrit dans une série déjà longue de brimades et provocations à l’encontre du catholicisme en France, a, pour la première fois, provoqué de très vives réactions. Mais pas exactement celles souhaitées par les laïcards.
En effet, sondages à l’appui, une majorité de Français, y compris les plus détachés du caractère religieux des fêtes de Noël et même ceux issus de l’immigration et de confession musulmane, se sont déclarés outrés de la décision du tribunal administratif car la crèche, tradition remontant à la Révolution, lorsque la fermeture des églises au culte catholique obligea les fidèles à représenter la naissance du Sauveur dans l’intimité de leurs foyers, reste chère à beaucoup et ne gêne quasiment personne.
Certains mauvais esprits se sont permis de souligner que les ardents partisans de la laïcité opposés à l’Enfant Jésus, la Sainte Vierge, Saint Joseph, et même à l’âne et au bœuf, étaient souvent les mêmes qui, les soirs de ramadan, allaient rompre le jeûne avec les musulmans et que leur vigilance ne s’exerçait jamais qu’à l’encontre du catholicisme. D’autres ont envahi « la Toile » de textes moqueurs ou acerbes s’étonnant que l’on pût perdre son temps à pourfendre les santons tout en regardant ailleurs quand l’islamisme massacre à tout va.
Certains élus ont décidé de braver les décrets des magistrats nantais en installant, bien en vue, la crèche interdite. Ce fut le cas, entre autres, de Robert Ménard, fondateur de Reporters sans frontières devenu en mars dernier maire de Béziers sous les couleurs honnies du Front National. Raison supplémentaire de traîner aussitôt l’édile devant les tribunaux.
Ce 19 décembre, contredisant l’arrêt de Nantes, le tribunal administratif de Montpellier a débouté les plaignants et permis à la crèche de la mairie de Béziers, jugée non attentatoire à la neutralité et la laïcité, de rester à sa place.
Il pourrait s’agir, somme toute, d’une de ces histoires de clochers un peu risibles dont la France a le secret depuis deux siècles. Le croire serait une erreur. Ainsi que le souligne avec lucidité le dernier numéro de l’agence d’information Dici (307 du 19/12/14) ces micros-événements s’inscrivent en réalité dans une guerre menée, d’un bout à l’autre du monde occidental et chrétien, par ceux qui ont décidé d’en éradiquer les valeurs afin de leur en substituer d’autres. Que ces gens s’acharnent ainsi sur le modeste symbole en terre cuite d’un nouveau-né couché dans une mangeoire a au moins le mérite de rappeler que ce petit Enfant tient entre Ses mains la puissance divine. « N’ayez pas peur. J’ai vaincu le monde ». (Anne Bernet)