France: la chasse aux évêques est ouverte

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cardinal-barbarinQuelle a été, ces dernières semaines, la priorité des instances politiques et médiatiques en France ? Attaquer violemment, à temps et à contretemps, l’Église catholique à travers deux de ses représentants emblématiques : le primat des Gaules, Mgr Philippe Barbarin, et l’évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, offerts en pâture à une opinion manipulée et désinformée. En revenant sur les « événements », si tant est que l’on puisse appeler ainsi des faits démesurément grossis, il est aisé  de comprendre ce que le pouvoir socialiste reproche en réalité aux deux prélats.

Mgr Aillet est de ces évêques qui, s’agissant des mœurs et de la morale catholique, n’ont jamais transigé. Il a parlé haut et fort chaque fois qu’il l’estimait nécessaire, en particulier lors des manifestations contre « le mariage » homosexuel, manifestations auxquelles il n’a pas hésité à s’associer, descendant dans la rue avec les cortèges de protestation. Ce faisant, il s’est attiré la vindicte d’un gouvernement qui, impuissant dans tous les autres domaines, entendait imposer, par la force si nécessaire, ses « réformes sociétales ». Dès lors, Mgr Aillet est devenu un homme à abattre.

Un « tweet » posté le 12 janvier par l’évêque de Bayonne sur les réseaux sociaux, alors que le gouvernement venait de supprimer le délai de réflexion, déjà bref, imposé aux femmes désireuses d’avorter, a mis le feu aux poudres. Mgr Aillet osait s’étonner qu’un gouvernement si prompt à dénoncer les exactions et les crimes de DAESH s’autorisât de son côté à favoriser plus qu’il ne l’était déjà l’assassinat d’enfants à naître … L’évêque était dans son rôle.

Il venait cependant d’enfreindre deux tabous : remettre en cause « un droit fondamental et irréfragable des femmes » et comparer l’infanticide légalisé aux atrocités de l’État islamique. Dans les jours qui suivirent, l’on assista, de la part de politiques et de journalistes, à un déferlement d’accusations et d’insultes contre Mgr Aillet, une chroniqueuse de France Inter le traitant de « c… » à l’antenne tandis que la revue Golias, bien connue pour sa détestation de tout ce qui, dans l’Église, n’appartient pas aux mouvements les plus avancés, appelait, avec sa retenue et sa charité accoutumées, à la démission immédiate.

La crise culmina le 21 février, lors du carnaval de Saint-Jean de Luz, par la crémation en place publique d’une effigie du prélat. Ce débordement  « festif », bien que Mgr Aillet ait tenu à le minimiser, voulant y voir une « coutume » à l’humour « grinçant », provoqua toutefois assez de réactions choquées pour ramener le calme.

Pas longtemps puisque, mi-mars, une nouvelle campagne de presse et d’opinion, plus violente encore, se déchaînait à l’encontre du cardinal archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, primat des Gaules et, à ce titre, première personnalité de l’épiscopat français.

Mauvaise querelle d’ailleurs puisqu’il s’agissait de lui reprocher d’avoir « couvert » des affaires de pédophilie vieilles parfois de trente ans. Pourquoi déterrer des affaires, évidemment condamnables et ignobles, pour certaines déjà jugées par les tribunaux, ou dont les délais de prescription légales sont, semble-t-il, dépassés ? Pourquoi chercher un mauvais procès au cardinal, accusé de n’avoir pas dénoncé des prêtres, certes fautifs mais déjà châtiés par la justice humaine, et, pour l’un au moins, apparemment repentant ? Au nom de quoi, profitant de cette campagne quasi diffamatoire, relayée en boucle sur les chaînes de télévision, de radios et dans les colonnes du très emblématique quotidien Le Monde, le Premier ministre, oubliant la séparation de l’Église et de l’État, a-t-il osé réclamer la démission de l’archevêque, exigence aussitôt relayée, selon les sondages, par 69% de Français, d’ailleurs certainement très ignorants des affaires catholiques mais faciles à manipuler ?

Parce que le gouvernement socialiste, incapable d’assurer la sécurité des Français ou résorber le chômage, veut, avant de perdre le pouvoir, imposer un maximum de réformes dictées par les loges et une détestation viscérale du christianisme. L’euthanasie représentait, après le « mariage » pour tous, l’autre point du programme à réaliser. La triste « affaire » Lambert aurait dû permettre cette « avancée sociétale ».

Or, l’intervention, en juillet dernier, de certains évêques français, dont le cardinal Barbarin, qui s’opposaient à la mise à mort du jeune handicapé, bien qu’occultée autant que possible, a contraint le pouvoir à une reculade piteuse. Cela, s’ajoutant aux prises de position contre le « mariage » homosexuel, attestait du réveil d’un catholicisme que les laïcards avaient un peu trop vite enterré. Leur colère, et leurs attaques, trahissent angoisse et désarroi face à un phénomène qu’ils n’avaient pas vu venir. C’est plutôt bon signe, en dépit des apparences. (Anne Bernet)

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