Dans sa préface au livre Pèlerinages de France (Guy Barrey, éditions Via Romana), le cardinal Sarah rappelle que la « la France, le Royaume de Marie, le Jardin de Notre-Dame, est aussi le pays, que dis-je, la patrie des saints… « Là où les saints passent, Dieu passe avec eux ! » s’était exclamé le pape saint Jean-Paul II à Ars, en 1986, ouvrant ainsi la voie à ce renouveau de la foi qui est bien perceptible, de Lille à Marseille, et de Brest à Strasbourg (sans oublier la Corse et l’Outremer), grâce à des familles chrétiennes ferventes et des communautés monastiques et religieuses qui attirent de nombreuses vocations.
Les prêtres eux-mêmes, dans les paroisses, qui ont maintenant la dimension d’un ou plusieurs cantons, et bien entendu les séminaristes, par la vitalité de leur vie spirituelle, sont les ambassadeurs de cette petite flamme de l’Espérance que Charles Péguy, le pèlerin de Notre-Dame de Chartres, évoquait ».
Partis à l’aube le samedi de la Pentecôte de la cathédrale Notre-Dame de Paris, quelques 12 000 pèlerins se sont élancés sur les routes de l’Île de France à l’assaut du Ciel. Loin, bien loin de ces lendemains qui chantent promis par la civilisation liquide « en marche », ils ont voulu avec ferveur rendre hommage à la Vierge, « d’une manière douce et sûre, sans crainte d’illusion ».
Mettant leurs pas dans ceux de Péguy, mais aussi de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort ils ont quitté, l’espace de trois jours, les sirènes hurlantes de la modernité pour se ressourcer à l’eau de la grâce. Des centaines d’enfants, des familles nombreuses, des scouts, des moines, des religieuses, des pèlerins de toutes les provinces de France et de tous pays, américains, allemands, italiens, autrichiens, espagnols… ont prié, chanté, marché et souffert, parfois sous la pluie, ils ont dormi dans le froid…et sont arrivés, emplis d’une joie qui n’est pas de ce monde, à la cathédrale de Chartres le lundi de Pentecôte.
Cette année le chapitre Saint Gilles, créé par Enguerrand Savy pour sa jeune sœur, rassemblait les enfants handicapés; on a pu voir également le chapitre saints Benham et Sarah où marchaient les chrétiens d’Orient, et tant d’autres encore qui ont processionné, bannières au vent jusqu’à Chartres. Un pèlerinage qui s’est achevé en beauté, pour la messe pontificale célébrée par le cardinal Burke, très ému par la joie et la jeunesse de ce pèlerinage (moyenne d’âge, 21 ans), par cette éclatante manifestation de Foi au cœur de l’Europe décadente. Il était entouré pendant la messe pontificale de prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut de Christ-roi, de l’Institut du bon Pasteur, de religieux issus des différentes communautés traditionalistes.
Sentiers du bien, structures de sainteté : cette 35ème édition du Pèlerinage de Chartres a montré que l’Europe, en ce week-end de Pentecôte, n’était ni vieille, ni stérile comme une grand-mère, pour reprendre les mots du pape François au parlement européen. Elle était française et catholique, préservant comme le bien le plus précieux d’une époque troublée, le trésor fragile de l’espérance chrétienne.
« Mon cœur immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira à Dieu » a dit la Vierge à la petite Lucie, à Fatima le 13 juin 1917. Un siècle plus tard, c’est en l’honneur de la Vierge de Fatima que l’association Pèlerinages de Tradition, rattachée à la Fraternité saint Pie X, forte de 5000 pèlerins a marché en ce week-end de Pentecôte, de Chartres à Paris. Comme la rappelait monseigneur Fellay, « Notre-Dame a si bien exprimé la volonté de Dieu d’établir dans le monde la dévotion à son Cœur Immaculé, tout naturellement nos yeux, nos pensées et nos cœurs se tournent vers ce Cœur maternel ».
Là aussi des centaines de bénévoles, au service des pèlerins, veillent au bon déroulement de ce pèlerinage qui requiert, dans la discrétion et l’humilité, une année entière de préparation ! Là encore, un chapitre réservé aux personnes handicapés, Sainte Lydwine, met à l’honneur les plus fragiles dont notre société a si tôt fait de se débarrasser. Et encore des prêtres, des religieux, des enfants, des familles, de France et d’ailleurs, les traits tirés mais les yeux brillants de cet amour prodigué pendant trois jours par Notre Dame de Fatima, sont arrivés à Paris, terminant leur pèlerinage par une belle procession, forte et priante.
Vraiment, en ce week-end de Pentecôte 2017 c’était la chrétienté de France qui se mettait en marche. (Marie d’Armagnac)