« Europe, ton soleil revient. » Je viens de regarder la vidéo mise en ligne par l’Institut Iliade. Elle laisse un goût amer, celui d’une pensée renfermée sur la matière, sacralisant la jeunesse et la race, fermée à la grâce.
Oui, j’aime l’Europe, mais l’Europe dont les racines les plus profondes plongent dans la vérité de la foi chrétienne, et qui ont façonné son identité. Je ne crois pas au « sol invictus », le soleil invaincu qu’on adore comme un dieu. La lumière de l’Europe, la lumière du monde, c’est le Christ.
J’aime l’Europe des nations, « prunelles de nos yeux » dont la culture est d’autant plus belle parce qu’elle a reçu l’infusion du christianisme. Je sais qu’elle peut et qu’elle doit se défendre, que son identité, ses traditions, sa culture sont des bien précieux. Mais cela ne suffit pas.Dans mon Europe il y a de beaux jeunes gens et de superbes jeunes filles, comme dans la video qui glorifie leur marche vers le feu communautaire. Mais pas seulement.
Mon Europe est celle des vieux et des jeunes, des moches et des jolis, des malades et des bien-portants, des trisomiques comme des génies. Des femmes et des hommes ordinaires riches d’un passé commun – et qui souvent ne le savent plus – mais formés vaille que vaille à l’idée qu’une civilisation se juge à la protection qu’elle apporte au plus faible, au plus fragile, au plus petit. Elle l’oublie ? Oui ! Mais la volonté de puissance la fait sombrer encore plus bas.
Mon Europe est celle de l’égale dignité de tout homme aux yeux de Dieu, dignité qui lui vient de son âme immortelle, de son appel à devenir fils de Dieu et à jouir avec Lui de la vie éternelle.
Mon Europe est celle qui a pris le large pour annoncer cet Evangile jusqu’aux confins de la terre, parce que cette vérité est universelle et vaut pour chaque être humain, qu’il vive dans la forêt nordique ou les steppes d’Asie, dans le désert du Sahara ou dans les montagnes d’Amérique latine, à Jérusalem, Athènes ou Rome.
Mon Europe s’est lancée à la conquête du monde mais elle a aussi soigné, nourri, aidé, converti. Elle a arraché le monde à son paganisme qui idolâtre des dieux d’argile – quand il ne sacrifie pas des pauvres gens pour faire revenir le soleil. Elle a révélé la valeur de la personne, qui lui vient non de sa communauté ou d’une culture partagée, mais de son caractère unique, irremplaçable, corps et âme capables de Dieu et appelés au salut individuel.
Mon Europe connaît la valeur et le sens de la souffrance offerte, la grandeur de la faiblesse acceptée et de l’obéissance à la loi de Dieu ; elle connaît la lumière de la charité et de la compassion. Mon Europe n’idolâtre pas la jeunesse et la force, elle est à la recherche passionnée de la Vérité. Et lorsqu’elle la trouve, ou la retrouve, elle se met à genoux, et adore – comme les bergers à Bethléem.
Dans mon Europe, la plus belle des rencontres communautaires n’est pas la convergence vers un feu de camp scout quelque part dans une clairière, dans l’attente du soleil. Elle est au pied de l’autel, dans la plus magnifique des cathédrales ou la plus pauvre des chapelles, voire dans la clandestinité d’une prison totalitaire, pour adorer le Christ crucifié en son sacrifice renouvelé par les mains du prêtre, pour commémorer sa résurrection qui nous a ouvert le ciel.
Jeanne Smits
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