Italie: 150e anniversaire de l’unification du Pays

Italie: 150e anniversaire de l’unification du Pays
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Italie: 150e anniversaire de l’unification du PaysEn Italie, le 17 mars dernier était un jour de fête nationale. On célébrait les 150 ans de la proclamation du Royaume d’Italie. Il faut remarquer, tout d’abord, que ontrairement à ce qui se passa en France le 14 juillet, ou aux Etats-Unis le 4 juillet, en Italie c’est la première fois (et aussi la dernière, comme l’a déclaré le gouvernement), qu’on célèbre la constitution de l’Etat national. Déjà cette décision est assez surprenante mais ne fait que démontrer les nombreux et graves problèmes que le Risorgimento a créés et continue à créer dans la conscience historique et religieuse des Italiens, sans aucun doute le peuple le plus divisé parmi ceux de l’Occident.

Pendant ces dernières décennies, on a commencé (et on est en train de le développer de façon de plus en plus intense et prenante) un réexamen des événements – et de leurs protagonistes – qui menèrent à l’unification nationale italienne et des conséquences du processus du Risorgimento sur l’histoire nationale du XXe siècle. De façon analogue à ce qui s’est passé en France vis-à-vis de la Révolution française, un nombre toujours croissant d’académiciens, historiens et politologues italiens ont commencé à mettre en discussion certains aspects de l’unification italienne qui trop facilement avaient été codifiés par les courants historiographiques dominants comme des thèses indiscutables.

Il existe en particulier des moments idéaux précis et des nœuds historiques plus dramatiques qui ont suscité le plus d’intérêt parmi les chercheurs. L’un d’entre eux a été certainement la révolte des populations méridionales contre le processus unitaire en défense de l’Eglise et de la dynastie des Bourbons, le soi-disant « brigandage » antiunitaire, sujet désormais plein d’études qui l’approfondissent mais qui certainement ne cesse de susciter des polémiques et des divisions parmi les experts et les profanes.

Sur la même ligne, se situe le problème des rébellions antijacobines qui suivirent l’invasion napoléonienne : désormais, sur ce “sujet tabou”, réellement boycotté et mystifié pendant des décennies, au cours des dernières années on a pu lire des pages parmi les plus prenantes de l’histoire italienne.

Récemment, enfin, des études de source catholique sont parues dans le but de représenter le processus du Risorgimento sous l’aspect spécifique de la guerre contre l’Eglise menée sous l’aspect héroïque de l’unification nationale. La guerre contre l’Eglise catholique et contre les traditions locales conduite par le Risorgimento en vue de l’unification, avait comme but la mort non pas de la Papauté en tant qu’ “Etat Pontifical”, mais de la Papauté, en tant qu’Eglise catholique. Ce fut une guerre menée sans aucun scrupule, qui a blessé profondément l’identité catholique des Italiens.

Cependant, dans les années quatre-vingt, d’autres aspects du mouvement unitaire et de l’Italie post-unitaire du XXe siècle ont été réexaminés par plusieurs auteurs et historiens : le sectarisme terroriste de Mazzini, la farce des plébiscites, la corruption endémique, l’émigration, le nationalisme, et donc la Grande Guerre, le fascisme fils du Risorgimento, le 8 septembre et la “mort de la patrie”, la guerre civile et la haine idéologique, etc.

Mais la conclusion, d’une manière ou d’une autre, a toujours été la même : la constatation du manque d’une réelle unité des Italiens et donc l’échec évident de ce qui fut le but lui-même du Risorgimento, c’est-à-dire la création d’une nouvelle identité nationale pour les Italiens. C’est donc tout un monde culturel et idéologique qui commence à chanceler, sous le coup de fouet de la nécessité et du désir que la vérité sur l’histoire du peuple italien soit enfin connue par tous. (M. V.)

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