Voici quarante ans, le 22 mai 1978, sous le nom de loi n° 194 pour l’interruption de la grossesse, l’homicide d’Etat de masse était introduit en Italie par une classe dirigeante démocrate-chrétienne. Homicide dans la mesure où la loi n° 194 établit la licéité de supprimer l’être humain innocent dans le sein de sa mère.
Homicide d’Etat parce que ce crime est approuvé, organisé et financé par l’Etat italien. Homicide de masse en ce que les victimes de l’avortement ont été en Italie, selon les estimations officielles, quelques 6 millions, un chiffre grandement supérieur à la somme de tous les morts en guerre et dans le cadre des catastrophes naturelles survenues depuis la naissance de l’Etat italien unitaire (1861) jusqu’à ce jour. Emma Bonino, qui en compagnie de Marco Panella, lutta de manière enragée pour faire approuver cette loi, dans un entretien audiovisuel du 22 mai 2018 au quotidien italien La Repubblica, a déclaré que la loi n° 194 « a fonctionné »… comme peut fonctionner une guillotine ou une chambre à gaz, sans aucune parole de pitié pour ceux qui sont tués. Cependant, a ajouté Emma Bonino, à quarante ans de distance, « il est nécessaire de faire une révision », c’est-à-dire de perfectionner cette loi parce que quelque chose encore ne fonctionne pas bien. Quel est le problème ? Il s’agit du taux très élevé d’objecteurs de conscience parmi les médecins, ce qui empêche une application pleine et rapide de la loi.
Emma Bonino n’est pas intéressée de savoir quelles sont les raisons de cette objection de conscience. Ce qui est important pour elle c’est que la loi fonctionne, que le massacre continue et pour cela, elle appelle de ses vœux une plus large diffusion de l’avortement pharmacologique, par le biais de la pilule RU 486, la pilule abortive à laquelle peu de femmes ont encore recours. Emma Bonino, comme de nombreux partisans de l’avortement, considère évidemment l’enfant comme une excroissance du corps de la mère ou encore, si elle admet qu’il s’agisse d’une vie humaine, ce qui se passe pendant les neuf mois dans le sein maternel, elle s’approprie de la vision selon laquelle l’intérêt de l’Etat, de la race, du prolétariat ou du seul individu, justifie le meurtre d’un être humain innocent. Cette vision a un nom seulement et celui-ci doit être prononcé en toutes lettres : il s’agit d’une barbarie. Emma Bonino ne se rend même pas compte du fait que quelque chose de par le monde change actuellement, qu’aujourd’hui il n’existe plus de cortèges de féministes qui remplissent les rues, mais qu’en revanche existent les Marches pour la Vie, comme cela a été le cas à Rome le 19 mai et en Argentine le lendemain. La presse à grand tirage ignore ces événements mais elle ne peut bloquer une protestation qui naît de cette loi naturelle qui est inscrite en caractères ineffaçables dans le cœur de tout homme. Sous la pression des mouvements pour la vie aux Etats-Unis, le Président Trump a fait, en moins d’un an, plus que ce que n’ont fait en trente ans ses prédécesseurs. La Chine communiste elle-même, après l’échec de la déplorable politique de l’enfant unique, a décidé qu’à compter du début de 2019, les limites jusqu’ici imposées aux naissances seront abolies.
En Italie un nouveau gouvernement est sur le point de se former. Il est lamentable qu’au sein de ce qu’il est convenu d’appeler contrat de gouvernement, les grands thèmes de la vie et de la famille soient absents ou considérés seulement dans une perspective strictement économique. Pourtant, a remarqué Virginia Coda Nunziante, si le langage économique est le seul à être compris, il suffirait de commencer par retirer de la dépense publique les quelques 200 à 300 M€ qui, chaque année, sont dédiés à tuer nos enfants et de les transférer afin de rendre meilleur non plus les avortoirs mais le système de santé publique national. L’une des raisons de la crise italienne est l’effondrement démographique, dû à l’avortement et à la contraception, fruit à leur tour d’une culture hédoniste et relativiste. Il ne sera possible de sortir de la crise qu’en renversant les présupposés de la culture de la mort. Tel est le message qui vient de la Marche de la Vie et d’autres initiatives récentes, comme celles de CitizenGo et de Pro Vita onlus, mais également des efforts de nombre de jeunes, de groupes et d’associations qui ne baissent pas les bras et vont de l’avant et qui remplaceront l’Italie d’aujourd’hui, en cours de désagrégation, par une Italie qui retrouvera la loi divine et naturelle et sur laquelle elle construira son avenir. (Roberto de Mattei)