Italie: les obsèques de l’abbé Gallo

don Gallo
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Les catholiques les plus avertis avaient commencé à trembler lorsque l Archevêque de Gênes et président de la Conférence épiscopale italienne, S. Em. le Cardinal Angelo Bagnasco, manifesta le désir de célébrer les obsèques de l abbé Andrea Gallo, célèbre en Italie pour sa contestation ouverte au magistère de l Eglise et ses positions gauchistes.

Avec un peu de sensus fidei et un peu de connaissance du monde, les pauvres et simples fidèles avaient eu l’intuition de la manière dont cela se serait terminé. Tout un scénario déjà écrit, dans un savant mélange qui a culminé dans la communion donnée par le Cardinal à M. Vladimiro Guadagno, plus connu comme le trans-genre Vladimir Luxuria, une personne ayant un évident problème moral connu de tous, une personne qui non seulement se trompe, comme tous les pécheurs de la terre, mais qui théorise et fait ostentation depuis des années de la légitimité morale de son erreur objective.

Le silence embarrassé de beaucoup ne parvient pas à cacher le scandale que cette affaire suscite parmi les fidèles. Et la presse catholique officielle, si peu libre qu’elle ne peut se livrer à une critique, pas même si elle comprend ce qui doit en faire l’objet, ne parvient pas à chasser les nuages noirs provoqués par le mécontentement qui serpente parmi les croyants.

Il est difficile d’être rassurés devant ce qui est arrivé au cours de la cérémonie funèbre du prêtre génois. Et le cardinal Bagnasco est une personne trop intelligente pour ne pas avoir calculé quelles auraient été les conséquences implicites de sa décision. Célébrer les obsèques de l’abbé Gallo a voulu dire tout d’abord accepter préalablement un scénario liturgique approximatif, plus proche d’une manifestation politique et révolutionnaire que du sacrifice du Christ. Et les contestations verbales adressées à l’Évêque ont ponctuellement eu lieu de la part des présents, en entraînant un prince de l’Eglise dans une indigne et très évitable tempête verbale.

Mais ce n’est pas tout. L’Archevêque qui célèbre ces obsèques déclare explicitement à l’opinion publique que, pour l’Eglise catholique, l’abbé Gallo a représenté une interprétation légitime du sacerdoce ministériel.

Le Curé d’Ars et l’abbé Gallo seraient ainsi deux faces d’une même médaille : le premier un vieux modèle dépassé, le second une toute nouvelle et actuelle version, plus ouverte et moins rigide. Sur cette pente, l’homélie du Cardinal a confirmé le climat de dédouanement du prêtre de la rue, se transformant dans la célébration post mortem d’une figure qui a vécu, à dire vrai, en prêchant aux antipodes de la doctrine catholique sur d’importantes questions qui concernent la morale et le bien commun, le droit et la royauté sociale du Christ. Du reste, peut-on aller aux obsèques d’un personnage aussi encombrant en donnant une homélie aux allures de censure vis-à-vis du défunt ?

L’abbé Gallo était devenu, depuis longtemps, un phénomène médiatique et donc, si l’on accepte la logique des médias, il était devenu impossible de le critiquer. En outre, en tant que phénomène médiatique, il attirait autour de lui la cour habituelle de personnages du spectacle qui ne pouvaient manquer de se manifester en masse à ses obsèques. Cela aussi était connu et il était donc tout aussi prévisible que les habituels et embarrassants “incidents” à propos du légitime accès à la Communion de la part de certains VIP auraient pu se vérifier.

En ce sens, la photographie de Vladimir Luxuria qui reçoit le Très Saint Sacrement du cardinal Bagnasco est l’icône, le symbole très puissant du “rite” auquel le Président de la Conférence épiscopale italienne a décidé de participer. Dans les paroisses, des centaines de prêtres de bonne volonté s’époumonent chaque Dimanche pour expliquer aux fidèles divorcés et remariés civilement qu’ils ne peuvent pas recevoir la Communion. Et que fait l’Archevêque de Gênes ? Si la logique n’est pas une opinion, il fait le contraire.

Pour expliquer tout cela, il serait possible de faire appel à la Loi fondamentale de l’Eglise, à la salus animarum oubliée par la théologie officielle au cours de ces 50 dernières années. En d’autres termes, un prêtre et donc également un Cardinal, s’il sait qu’il y a même une seule âme à sauver ne s’arrête devant rien, se met en marche et va jusqu’aux extrémités de la terre. S’il faut confesser, visiter un infirme, donner une sépulture chrétienne à un mort, poursuivre une âme rebelle et éloignée, le prêtre doit faire ce qui est de son devoir en se rendant même dans la maison de Matthieu, le publicain. Mais cet apostolat admirable le prêtre ne le pratique pas sous le regard pervers et manipulateur des moyens de communication de masse.

Vis-à-vis de l’abbé Andrea Gallo, tous les actes de pitié possibles et imaginables devaient être accomplis mais sous réserve de se soustraire à la scène mondaine et manipulatrice du système médiatique. Il était possible de célébrer des obsèques sous une forme réservée et privée et d’éviter des paroles d’appréciation qui sonnaient franchement comme un outrage à l’encontre de tous ces catholiques qui se battent chaque jour contre le relativisme et le nihilisme anticatholique.

Il fallait défendre le Corpus Domini de la profanation qui est accomplie en acceptant de donner la Sainte Communion à une personne ne se trouvant pas, de manière notoire, dans la condition subjective de pouvoir La recevoir, accomplissant ainsi un acte d’amour vis-à-vis du pécheur lui-même qui évite ainsi d’ajouter une faute à une autre. Sans oublier que, dans certaines églises catholiques de cette tragique modernité, certains prêtres refusent la communion au fidèle qui ose simplement se mettre à genoux pour La recevoir.

Accepter de devenir protagonistes du spectacle mis en scène par les moyens de communication de masse à l’occasion des obsèques du personnage public qu’a été l’abbé Gallo constitue la faute grave du Cardinal. Ce qui est bien différent que d’accomplir discrètement l’action salvifique du prêtre. Accepter la logique du monde diffusée par les médias porte à des situations grotesques dans leur essence comme dans le détail de celles-ci. Un catholique ne peut pas accepter d’être réduit à la condition de schizophrène qui d’un côté se bat contre l’avortement et de l’autre se trouve contraint de voir “béatifié” le prêtre qui ne faisait pas mystère d’accompagner les prostituées à l’hôpital pour avorter.

Mais, tout compte fait, on en vient à avoir le doute que le Cardinal ne se soit rendu aux obsèques de l’abbé Gallo non pas malgré la présence des moyens de communication de masse mais à cause de celle-ci, étant lui aussi victime de ce pathétique complexe d’infériorité qui pousse les Prélats de toute tendance et de tout grade hiérarchique à aller dans le sens du consensus et de l’attention du monde.

Évêques et cardinaux écrivent des discours et accomplissent des gestes dans l’espoir de pouvoir passer aux nouvelles et dans les reportages des journaux télévisés du soir. « Eminence, nous sommes sur RAI3 » s’exclament joyeusement dans les curies les secrétaires des Pasteurs qui ont crevé l’écran, croyant ainsi avoir rendu un fier service à l’Eglise.

Du reste, il suffit de répondre honnêtement à la question suivante : si l’abbé Gallo avait été le même type de prêtre mais inconnu des journaux et des chaînes de télévision, s’il avait été un prêtre révolutionnaire mais inexorablement anonyme, le Président de la Conférence épiscopale italienne se serait-il déplacé pour célébrer ses obsèques ? (Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro)

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