La Belgique reste le mauvais élève de la classe populiste. La poussée identitaire remarquée en Europe n’y est pas très visible et les résultats ne montrent rien de très encourageant dans ce sens. La N-VA (Nouvelle Alliance flamande) qui avait volé tant de voix au Vlaams Belang (Intérêts flamands) aux précédentes élections semble les avoir rendues. En effet, La N-VA perd 8 sièges à la Chambre et n’en conserve que 25 avec 16,03 % des votes, tandis que le VB s’octroie 15 nouveaux sièges et en obtient 18, alors qu’il ne culmine qu’avec 11,95 %. Echange de bons procédés entre partis, dû sans doute à une certaine mollesse montrée par la N-VA pendant qu’elle était au pouvoir.
La démission de la N-VA suite à la signature des Accord de Marrakech n’aura pas eu les effets escomptés. Les deux partis sont nationalistes flamands mais ils sont trop faibles pour gouverner ensemble car ils sont encore loin de la majorité. Il leur faudra rassembler tous les partis du centre et, même là, il n’est pas sûr qu’ils passeront les 50 %. Ce qui signifie qu’ils devront faire appel à la gauche dont la Belgique avait fait l’économie pendant une législature. La coalition qui finira par se former – après combien de mois de négociation ? – sera encore une fois tellement bigarrée qu’elle sera incapable de gouverner le pays. Mais peut-on encore parler de gouvernement dans ces conditions ? Il s’agit plutôt d’administrer un pays sans autre vision d’avenir que de se maintenir vaille que vaille au pouvoir d’une législature à l’autre. La politique belge étant la championne des compromis, elle excelle à faire du sur-place, va rarement de l’avant.
Comme dans certains autres pays européens, les grands partis de l’establishment politique –socialistes, socio-chrétiens et libéraux – sont en perte de vitesse. Les électeurs leur préfèrent des partis plus radicaux. D’où la montée, en français comme en néerlandais, des partis écologistes (12,24 %) et des communistes (8,62 %) qui est quand même assez symptomatique d’un électorat largement manipulé ou désespéré, en tout cas prêts à des mesures plus fortes. La droite libérale ou populiste reste le grand absent de la politique belge francophone. Dispersée en de multiples petits partis qui n’auront presque pas d’élus, elle n’a pas encore trouvé son rassembleur alors que le champ est libre et le moment favorable.
Rappelons que le vote est obligatoire en Belgique. Pour mesurer la non-participation des électeurs à un scrutin, il faut donc additionner les votes qui n’ont pas eu lieu, parce que les électeurs ne se sont pas déplacés pour voter, et les votes blancs ou nuls des électeurs qui se sont rendus aux bureaux de votes par crainte de l’amende mais n’ont quand même pas voté. Ce taux de non-participation s’élève à 16 % pour toute la Belgique avec un taux plus élevé à Bruxelles où 23,19 % des électeurs estiment inutile de voter. (Christophe Buffin de Chosal)