Il est trop tard pour en raconter le déroulement, et trop tôt pour en mesurer les effets. Pourtant l’on peut définir quelques principes sur ce Troisième Congrès intitulé : Motu Proprio Summorum Pontificum du Saint Père Benoît XVI. Un Grand Don pour toute l’Église. Et peut-être faut-il commencer par la fin, c’est à dire par la Sainte Messe pontificale célébrée par le cardinal Walter Brandmüller à l’autel de la Cathédrale dans la Basilique Saint Pierre.
Un tel Congrès ne s’était pas déroulé depuis l’époque de la réforme liturgique : il sagit là d’un évènement qui a laissé son empreinte et a démontré combien, autour de cette reprise de la Liturgie ancienne, un mouvement difficile à arrêter est en train de se développer. Il est vrai que dans trop de sphères du monde catholique, et l’Italie ne fait pas exception, la Messe ancienne est contrée, niée, contrainte à la clandestinité. Mais personne ne pourra effacer ce qui s’est passé dans la Basilique Saint Pierre dimanche 15 mai 2011.
À huit heures du matin y étaient présents trois cardinaux, trois évêques, plus d’une centaine de prêtres, des représentants d’ordres religieux et un millier de fidèles. Mais ceci, qui déjà pourrait en soi représenter une nouvelle, n’est rien encore comparé à un détail que l’on ne peut ignorer : la foule qui, pendant la célébration, s’était rassemblée au-delà des barrières, tout d’abord par curiosité, puis avec une juste dose d’étonnement, et enfin par une participation sincère, cette actuosa participatio que l’on recherche tant, avec toujours moins de succès, dans les célébrations d’aujourd’hui.
Mais ce moment est le point final, et il faut indubitablement le relier avec le début de l’évènement organisé par l’association “Giovani e Tradizione” (Jeunes et Tradition) et par le mouvement “Amicizia Sacerdotale Summorum Pontificum” (Amitié Sacerdotale Summorum Pontificum).
Il faut donc revenir au vendredi après-midi, dans la Paroisse de la Très Sainte Trinité des Pèlerins, où s’est déroulé un avant-congrès pour les prêtres avec le Chapelet, les Vêpres Pontificales et une conférence spirituelle donnée par le Père Cassian Folsom OSB, Prieur du Monastère Saint Benoît de Nursie.
Bien que cet avant-Congrès ait été, comme à l’accoutumée, réservé aux prêtres, il a été entouré d’une participation respectueuse des laïcs. Et il aurait été vraiment dommage de priver les fidèles de la vision de tant de prêtres qui prient ensemble avec tant de dévotion.
De nombreux observateurs ont justement noté le grand nombre de prêtres jeunes présents. Ce fait souligne combien l’intuition du Pape Benoît de redonner son droit de cité à la Liturgie ancienne a devant elle un avenir destiné à s’amplifier, malgré ses très nombreux détracteurs. Mais notre reportage ne serait pas complet si nous ne mentionnons la sérénité mi-joyeuse, mi-étonnée de ce prêtre âgé de plus de soixante ans qui, tout juste sorti de l’Église, a confié : « Je n’avais pas chanté ces Vêpres depuis que j’étais tout jeune garçon » .
Quelle différence d’âge y avait-il entre lui et ses confrères plus jeunes à ce moment-là ? Aucune, sans aucun doute. Miracles de la Tradition
Les journées du Congrès ont été animées par une nouvelle dans la nouvelle, à savoir la publication simultanée de l’Instruction Universae Ecclesiae sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Monseigneur Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, a ainsi transformé son intervention entre une illustration du Document, montrant combien le Saint Père suit la question liturgique et combien il la considère comme vitale pour l’avenir de l’Église.
En ce qui concerne les intervenants et les interventions, se sont succédés: S. Em. le cardinal Antonio Cañizares Llovera, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, La sainte Liturgie, Vie de l’Église ; S. Exc. Mgr Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Esprit de la Liturgie, Liturgie de l’Esprit ; S. Em. le cardinal Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, La Liturgie antique de l’Église, Pont œcuménique ; S. Exc. Mgr Athanasius Schneider C.R.S.C., évêque auxiliaire d’Astana, Les Ordres mineurs et le saint Service de l’Autel ; Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei » , Le Motu Proprio Summorum Pontificum : Bilan et Perspectives ; Prof. don Nicola Bux, Institut Théologique de Bari, Le Sacrement de l’Ordre Sacré dans le Pontifical Romain (éd. typ. de 1961-1962) Une réflexion de Théologie liturgique ; Sr. M. Francesca dell’Immacolata, F.I., Les Origines apostoliques-patristiques de la “Messe Tridentine” ; Prof. Roberto de Mattei, Président de la Fondation Lepanto, Le Latin, Langue liturgique de l’Église et de la Catholicité.
Parmi les innombrables mérites du Père Vincenzo Nuara O.P., l’âme du Congrès, il y a aussi la capacité d’aller à contre-courant avec intelligence, ou naviguer “à la bouline” comme on dit en termes marins. Un peu parce qu’il est Dominicain, mais un peu aussi parce qu’il est Sicilien.