Livres: deux saints de Juillet, Christophe et Anne

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san-christopheGrandes figures de la dévotion populaire depuis l’Antiquité chrétienne, à ce titre, parfois déconsidérés au lendemain du Concile, le martyr et l’aïeule du Sauveur retrouvent leur place dans le cœur des fidèles. Deux livres y contribuent.

Paroissienne, enfant, de Saint-Christophe de Javel à Paris, je me souviens de notre stupeur quand, au début des années 70, la statue du saint fut retirée de la nef puis exilée dans une arrière-cour, sous prétexte de réforme du calendrier et de doutes sur son historicité … Quelques années plus tard, effet d’une réforme de la réforme, Christophe devait réintégrer, mais à une autre date, le martyrologe et son sanctuaire parisien. L’on n’en savait pourtant pas davantage sur lui.

Christophe Mory, brutalement privé, petit garçon, de son saint patron, en avait été si affecté qu’il avait écrit au Pape pour se plaindre. Bien entendu, il ne reçut pas de réponse. De ce traumatisme est né l’essai, mi-romanesque mi-hagiographique, qu’il lui consacre (Saint Christophe, Salvator, Paris 2014, 160 p., 14,50 €).

À s’en tenir aux sources, l’historien peut seulement dire qu’au IIIe siècle, en Asie Mineure, un nommé Reprobatus ou Probus, baptisé Porte-Christ, Christophore, éventuellement passeur de rivière de son état, périt pour la foi. Cela suffisait à sa gloire, pas à la curiosité des dévots. Si le culte de Christophe s’implanta tôt en Orient, il y fut confondu avec celui du dieu égyptien Anubis, divinité cynocéphale psychopompe, de sorte que l’iconographie affubla Christophe d’une tête de chien et qu’il fut invoqué pour garantir de la mort subite ou accidentelle, comme l’atteste l’inscription sur ses images : « Regarde saint Christophe et va-t-en rassuré ! »

Partant de ces rares renseignements et de la Légende dorée de Jacques de Voragine, plus diserte, Mory raconte, tel un fabuleux conte pour adultes, le parcours symbolique de son patron et l’étonnant voyage entrepris par l’homme à la tête de chien afin de s’attacher au service du « plus grand roi du monde ». C’est bien fait, joliment écrit, et incite à vénérer de nouveau, le 25 juillet, date initiale de sa fête, ce témoin de la foi.

En 1584, Grégoire XIII inscrivit officiellement, au 26 juillet, date d’une de ses trois fêtes dans le calendrier oriental, la Mère de Notre-Dame au martyrologe romain. Les contempteurs de la Tradition en conclurent son culte récent et sans valeur.

En fait, comme le rappelait Anne Brassié en 1996 dans un petit livre récemment réédité, (Sainte Anne de Jérusalem à Auray, Artège, Perpignan 2015, 130 p., 12,90 €), la dévotion envers la mère de Marie est très ancienne et, quoique seuls les apocryphes nous renseignent à son sujet, il ne faut pas conclure à l’absurdité de son histoire.

Espoir des couples stériles pour avoir, avec son époux Joachim, engendré sa fille immaculée alors que toute maternité lui semblait interdite, Anne aurait, selon la Tradition eut la joie de tenir son divin petit-fils dans ses bras avant de mourir.

Toujours selon la Tradition, ses nièces Salomé et Jacobée, fuyant la Palestine, auraient emporté avec elles ses reliques et les auraient, arrivées en Provence, cachées à Apt, où Charlemagne les retrouva. Vénérée en Orient, mais aussi dans toute l’Europe puis en Amérique, Anne, assimilée par les évangélisateurs à la déesse mère celtique Ana, trouva, en Bretagne, sa terre de prédilection et en devint la patronne.

C’est là qu’en 1623, au lieu-dit Keranna, « maison d’Anne », près d’Auray, Yves Nicolazic, un simple paysan, vit la sainte lui apparaître et lui demander de rebâtir sa chapelle détruite depuis presque un millénaire. Ainsi allait naître le plus grand sanctuaire de Sainte Anne au monde ; elle ne cesse d’y prouver ce qu’elle affirma au voyant : « Tous les trésors du Ciel sont en mes mains ». Il suffit d’aller les lui demander pieusement et humblement. (Anne Bernet)

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