Livres : La fin de la démocratie de C. Buffin de Chosal

La fin de la démocratie de C. Buffin de Chosal
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La fin de la démocratie de C. Buffin de Chosal« On entend souvent dire que la démocratie – le meilleur régime politique possible – est malade. On déplore son déficit représentatif, sa corruption endémique, son irresponsabilité, son opacité, son oligarchie et son incapacité de servir le bien commun. On s’évertue à lui trouver des remèdes. Mais la démocratie, fondée sur des principes erronés et en opposition avec la nature humaine, se porte en fait très bien.

Les « déviances » dont se plaignent ses administrés ne sont en réalité que le développement naturel et logique d’un régime qui a été conçu pour ne servir que les intérêts d’une minorité organisée, tout en bernant des peuples prétendus souverains ». C’est par ces propos quelque peu surprenants que Christophe Buffin de Chosal, correspondant belge de Correspondance européenne, introduit son livre : La fin de la démocratie (Editions Saint-Rémi, Cadillac 2014, p. 197, 17 euros).

Toute son argumentation vise à démontrer que la démocratie parlementaire tient autant de l’illusion que de l’imposture. Illusion, en effet, que de croire que le peuple peut être souverain alors que pour exercer sa souveraineté, il doit se diviser et se faire représenter ; illusion encore la proposition des droits de l’homme qui affirme que « tous les hommes naissent libres et égaux » alors qu’il n’y a rien de plus dépendant qu’un nouveau-né et que tous les hommes sont fondamentalement différenciés quant aux gènes, à l’éducation, à la fortune, etc.

L’auteur détruit ainsi, l’un après l’autre, tous les mythes sur lesquels repose l’idéologie démocratique. Il va jusqu’à dire que la démocratie est un régime non naturel car il n’est pas conforme à la raison. En effet, abandonner le service du bien commun aux hasards de l’élection n’est pas un acte raisonnable. En réalité, le suffrage universel est un phénomène politique uniquement alors qu’il n’est retenu comme processus décisionnel valable dans aucun autre contexte humain (famille, entreprise, école, etc.).

Ces bases théoriques étant posées, l’auteur s’attaque à la pratique de la démocratie. Ici on va de découvertes en surprises… Selon lui, la démocratie parlementaire n’a pas été inventée par une poignée de révolutionnaires idéalistes, mais par des gens très soucieux de sauvegarder leurs intérêts. Il reprend l’établissement du régime parlementaire en Angleterre en remontant jusqu’aux confiscations de Henry VIII et montre que la démocratie n’a jamais servi qu’à favoriser une « minorité organisée » au détriment de la majorité. Son analyse chiffrée des scrutins actuels met tout cela en lumière et sa description de l’Union européenne – un véritable massacre – achève de convaincre le lecteur que la dérive oligarchique de la démocratie n’est pas accidentelle mais intentionnelle. D’où l’imposture.

L’ouvrage recèle encore pas mal de digressions intéressantes, par exemple, que les lois anti-discrimination servent à augmenter le pouvoir de l’Etat, que l’Etat providence est en puissance la forme la plus accomplie de l’Etat totalitaire, que la sauvegarde de la paix devrait être le rôle principal de l’Etat, ou encore que l’immigration est un signe que la démocratie est incapable de servir le bien commun.

La démocratie parlementaire est enfin présentée comme le régime qui est le mieux adapté au service des intérêts particuliers, ceux des « puissances d’argent », lesquelles tirent les ficelles dans l’ombre. C’est un livre qui dit beaucoup en 200 pages, dans un style précis et incisif – assez déprimant pour les démocrates. Pourtant il ne fait qu’observer la réalité politique actuelle sans aucune concession aux bons sentiments. Propose-t-il quelque chose à la place de la démocratie parlementaire ? Eh bien, oui, mais seulement en filigrane… (G. de B.)

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