Les élections de mars 2019 avaient vu l’entrée fracassante du Forum voor Democratie (Forum pour la démocratie) dans les vénérables états provinciaux des Pays-Bas. La nouvelle formation menée par le sémillant Thierry Baudet obtenait des majorités relatives dans les provinces de Hollande du Nord et du Sud, ainsi que dans le Flevoland.
Bien que modestement représenté à la Chambre basse du Parlement néerlandais (2 sièges), le Forum voor Democratie obtient 3 sièges au Parlement européen avec 10,9 % des voix. Il faut noter que ce nouveau parti fait une concurrence directe au PVV (Partij voor de Vrijheid – parti de la liberté) de Geert Wilders qui enregistre une chute de 9,7 % et se retrouve avec un score de 3,5 % des voix. Les deux partis flirtent avec le même électorat mais leur style est tout à fait différent. Là où Wilders offrait un populisme relativement rugueux avec une concentration sur l’islam au détriment d’autres problèmes sociaux, Baudet opte pour une approche plus nuancée, plus complète et plus libérale sur le plan économique.
Comme dans les autres pays européens, les partis gouvernementaux aux Pays-Bas faiblissent, à l’exception des socialistes qui font une remontée inattendue de 9,6 % et se retrouvent le premier parti des Pays-Bas avec 18,9 % des voix alors que les libéraux sont toujours au gouvernement. Ces derniers se maintiennent avec 14,6 %, tandis que les chrétiens-démocrates plongent à 12,1 % des voix. Les Pays-Bas offrent un paysage politique relativement coloré avec une série de petits partis dont ils ont le secret, tels que le Parti pour les animaux (aussi présent en Belgique) avec 4% des voix ou le 50+ (parti des séniors) avec 3,9 % des voix. Les Pays-Bas sont probablement aussi le seul pays au monde qui a un parti intitulé « Jezus Leeft » (Jésus vit) mais qui n’obtient malheureusement que 0,2 % des voix.
Qui donc est Thierry Baudet ? Né en 1983 à Heemstede en Hollande, il a fait des études d’histoire et de droit. Il se présente comme un intellectuel conservateur et est l’auteur de plusieurs livres (essais et romans). Son essai Oikofobie, de angst voor het eigene (Ecophobie, la peur de ce qui est à soi) a connu un certain succès. Il y expose le complexe contemporain de haine de soi et d’auto-destruction qui caractérise la mentalité politique européenne et que Baudet appelle « marxisme culturel ». Plus conservateur que vraiment populiste, excellent orateur et eurosceptique (il reprend le flambeau du « Nexit »), Baudet pourrait bien encore une fois, comme son prédécesseur Pim Fortuyn, secouer l’establishment néerlandais. (Christophe Buffin de Chosal)